Bain de démarrage
Parmi les traditions du temps de mon enfance
S’exerçait une bien surprenante croyance.
Chaque nouvelle année et pour tourner la page,
Il fallait pour cela un bain de démarrage,
Allumer des bougies et brûler de l’encens
A l’heure de minuit, au bord de l’océan.
Tout le monde espérait réussir ses desseins,
Priant la Sainte Vierge, Dieu et tous les saints.
Après l’onction d’herbage et de queue de morue,
Dans la mer se baignaient les pèlerins tout nus.
Puis au large ils jetaient quelques queues et feuillages
Et avec l’aiguillon (1) porteur de
grands dommages.
La mixture restante était à déposer
Sur la route au retour, en milieu de croisée.
Une fois terminée la magique ablution,
Ils se frictionnaient bien d’agréable lotion
Et puis se rhabillaient pour se dire leurs vœux,
Prêts pour le nouvel an, protégés d’après eux.
La pratique aujourd’hui n’a pas bien disparu
Car certains vendredis l’on voit quelques férus
Tous de blanc accoutrés, emprunter des sentiers
Menant aux embouchures, ces chemins de sorciers
Qu’il convient d’éviter certaines nuits sans lune,
Quand des âmes en errance s’en vont chercher fortune
Georges Noel Coldold
01/2011
L'aiguillon ou giyon en créole, c'est
l'oeil du mal, l'entité maléfique.
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