A Noël aux Antilles le
cochon est à la fête, une vraie boucherie !
période
de Noël en Martinique et en Guadeloupe ce sont les préparatifs
culinaires. Le jour du réveillon ou peu avant c’est la fête du cochon.
Enfin le mot fête est surtout une question de point de vue. Pour
nos estomacs de « festoyeurs et de réveillonneurs», il s’agit
d’un vrai régal, alors qu’en réalité pour ces pauvres bêtes le mois de
décembre est une vraie tuerie.
Ces
cochons qui ont été bien nourris et engraissés durant l’année,
sont voués à finir sous les couteaux effilés des bouchers ou de leurs
propriétaires.
Presque tout est bon dans le cochon.
Son sang
est utilisé pour la réalisation du boudin de noël, qui pour la mémoire
de mon palais avait un autre goût que le boudin ordinaire de l’année.
Une
partie de sa viande est hachée pour la farce des petits pâtés tandis
qu’une autre partie sert au ragoût qui est aussi fondant qu’un petit
chocolat. La queue et le museau sont mis en salaison avec des clous de
girofles.
En
revanche les parties des épaules et des cuisses que nous consommons en
guise de jambon de noël sont elles des pièces d’importation.
Ces
préparatifs culinaires duraient une bonne partie de la journée
car à coté de la bonne viande de cochon il fallait faire les
accompagnements.
Des marmites de la cuisine s’échappaient des odeurs chaudes
d’ignames couche-couche, qui sont des tubercules auxquelles l’on prête
de certaines propriétés phytosanitaires comme celle de faire baisser le
taux de lipides sanguins ou bien encore, mais là il s’agit plus de
croyances que de faits scientifiquement avérés, d’être utile entre
autre à la stimulation sexuelle, au soulagement de la sécheresse
vaginale ou à l’augmentation du volume des seins.
A coté
des ignames couche–couche, qui pour moi avaient la valeur du caviar
tant par leur finesse gustative que par la rareté de leur
consommation, il y avait en train de mijoter sur un tout petit
feu les pois d’angole qui eux dégageaient à la cuisson une odeur sucrée.
Ces pois
sont un de nos trésors agricoles car ils ont comme vertu
principale de soulager les douleurs chez les personnes atteintes de
drépanocytose.
C’est à croire que nos ancêtres avaient fait preuve de malice en
établissant un pareil menu pour ce jour de Noël, car en alliant des
aliments d’une douceur raffinée et bienfaisant pour nos
organismes
qu’il s’agissait de nous faire ingurgiter sans le savoir un vrai cadeau
de Noël.
Une fois
cette cuisine achevée en fin d’après- midi, nous nous mettions en route
en famille pour ce quartier montagneux de la campagne lorrinoise
qu’est Carabin. C’était là le lieu où nous y passions notre réveillon
qui s’apparentait plus à un « marathon de Noël ».
Emmanuelle
Deschè
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