Noel
en Haiti, il faut y être pour y croire!
Le mois de
décembre est le plus beau de tous pour tout haitien, quoiqu’en puissent
en penser certains. La Noel coincide avec les fêtes de fin d’année
revêtent une importance capitale et particulière aux yeux du chrétien,
du croyant du vaudouisant et même du mécréant.
Pour les
réligieux et les croyants en général, la Noel et la fin d’année sont
des occasions exceptionnelles pour rendre gloire à Dieu et le
remercier. Ainsi, cérémonies et messes d action de grâce sont
légion en cette période. Le vaudou religion pratiquée par
plus de 80% de la population à défaut de dire 99% en raison de
l’ambivalence culturelle qui prévaut dans le pays; considère également
la Noel et les fêtes de fin d’année comme jours spéciaux. Les
vaudouisants célèbrent aussi la naissance du Christ. Les
cérémonies vaudouesques sont nombreuses, les HoumfÔ et Peristil sont
ouverts à tous et les féticheurs s’en donnent à coeur joie, car c’est
l’occasion ou jamais de se faire un peu d’argent ; tantôt en prédisant
l’avenir aux gens trop crédules et en composant des « Beny Chans »
ainsi appelés en Haiti. La chance un facteur déterminant dans la
destinée estime l’haitien. Ainsi, à cette période le malchanceux prend
son « Beny Chans » rien de tel pour aborder la nouvelle année sous la
protection des loas et garantir le voies du succès.
Si les
fêtes de fin d’année donnent lieu à des rejouissances populaires, elles
occasionnent en même temps des soucis dans ce secteur, car les loas
attendent d’être nourris, c’est donc au prix de lourds sacrifices que
les vaudouisants organisent des festins à l’intention de leurs loas
protecteurs, une façon d’éviter leurs foudres selon la croyance
populaire et s’assurer de leur aide. Si l’aspect religieux est très
fort et présent dans les fêtes de fin d’année, qui s’étendent du 24 au
6 janvier, il en demeure pas moins vrai qu’elles conservent son cachet
commercial, inhérent à tout pays. En Haiti, en dépit de la crise
économique ; les fêtes de fin d’année constituent l’occasion rêvée pour
tout commerçant quelque soit le secteur. De la garde-robe aux
meubles, le changement s’impose.
Aussi,
sans distinction de classe, chaque groupe suivant ses moyens se livre à
une véritable opération de nouveauté où peintures et objets décoratifs
de toutes sortes y passent. Dans les bidonvilles, la crasse
accumulée est habilement recouverte d’une couche de peinture et on est
heureux ! Boissons et nourritures de toutes sortes et recettes
destinées aux grands y passent. La radio et la Télévision
diffusant de la musique de circonstance aux réveillons du 24 Décembre
et du 31 Décembre imprègnent cet atmosphère que seules les fêtes
de fin d’année ont l’apanage. Cette cacophonie jointe aux
recettes culinaires épicées haitiennes et bavardages créent l’ambiance
bon enfant qui y prévaut habituellement.
La soupe
au giraumon le 1er janvier, jour de l’indépendance, les repas gargantua
mjotés par chaque famille, au sein de chaque foyer, quitte à ne pas
pouvoir se nourrir l’année entière viendront prolonger l’atmosphère de
fête jusqu’au 6 janvier. La fête de l’épiphanie, consacrée aux
adultes qui entreprennent de faire peau neuve après que les
touts-petits eussent été comblés par le père Noel. Les fétards
quant à eux en ont leur compte, et vont de bal en bal, les groupes
musicaux font leur beurre let sont très sollicités, animant ça et là
des soirées dansantes qui souvent se terminent très tard dans la nuit
ou au petit matin.
Le climat
d’insécurité sévissant dans le pays est reléqué en cette occasion au
second plan. Des activités mondaines à vous couper le
souflle. C’est une véritable fièvre qui s’empare de tout haitien
riche ou pauvre, de l’homme d’affaires habitant les hauteurs de
Port-au-Prince aux pauvres de Cité Soleil. Les fêtes de fin
d’année, en Haiti il faut y être pour y croire !
Kathleen
Desravines
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