Noël la fête paÏenne ou le Sol invictus
Ce
qui caractérise la religion chrétienne, est sans doute son réalisme :
ce
qu’elle ne peut combattre, elle l’intègre dans son culte à l’instar des
fêtes
de Noël.
Cette
fête existait bien avant la naissance de Jésus Christ, nous ne savons à
quel
âge de l’histoire de l’humanité elle remonte, mais de nombreux peuples
antiques
ou préhistoriques célébraient le passage du solstice d’hiver, ce moment
où la
lumière victorieuse triomphe des ténèbres.
Aujourd’hui,
le 25 décembre officialise la fête de la nativité de Jésus et le terme
Noël
proviendrait du latin natalis, signifiant naissance.
Il
n’en fut pas toujours ainsi pour la célébration de la nativité du
Christ. En
effet, jusqu’au troisième siècle, la naissance de Jésus se fêtait le 6
janvier,
correspondant à l’Epiphanie (Fêtes des rois). C’est
le pape Libère qui imposera la naissance du
Christ le 25 décembre
afin d’effacer les fêtes païennes se déroulant à cette époque de
l’année.
Dans
la Rome antique étaient célébrées les saturnales du 16 au 20 décembre,
en
l’honneur à Saturne dieu des semailles, de la vigne et de
l’agriculture, une
fête créée par Janus le dieu à deux têtes, le dieu du commencement,
celui qui
ouvre l’année, le dieu ayant recueilli
Saturne quand il fut chassé par son fils Jupiter du ciel, ce qui
sous-tend
que l’institution des saturnales est
largement antérieure à la fondation de Rome.
Cette
fête visait à reproduire un âge d’or où il régnait une égalité entre
les
hommes, et lors de ces fêtes « on
suspendait l’autorité des maîtres sur les
esclaves », cette fête résonnait comme un moment de liberté et de monde à
l’envers. Les rôles s’inversaient, les esclaves devenaient les maîtres
et les
maîtres les esclaves.
Congé
était donné aux
administrations, les écoles en vacance, aucune guerre ne
pouvait être entreprise, la seule activité autorisée était la cuisine.
Les
Romains décoraient leurs maisons de plantes vertes, festoyaient,
mangeaient,
buvaient, offraient des cadeaux aux enfants, des anneaux entre autres,
qui
symbolisaient l’alliance de ce dieu avec les hommes, la population
s’envoyait
des présents, de même elle se rendait massivement sur l’Aventin.
Les
Romains tentaient de récréer le paradis perdu où tout n’était que
plaisir et
joie, ils recréaient l’âge d’or ayant symbolisé la royauté du
Dieu Saturne sur le
monde et dans la rue ils criaient « Bonnes saturnales ».
Par ailleurs, les
saturnales ne disparaissent, parce
que l’empereur Constantin et le pape Libère fixe le 25 décembre comme
le jour
de la naissance du Christ. La superposition d’une fête sur une autre
réussit,
mais l’ancienne perdure sous la
dénomination de la Fête des Fous, qui au moyen âge se
déroulait le 25 décembre ou le 6 janvier : « Ce seul jour
renverse les valeurs de la société et de l'Eglise Catholique : les
domestiques
prenaient la place des maîtres, la foule mettait à l'envers les habits
sacerdotaux,
parodiait les messes, blasphémait... Cette fête, interdite à plusieurs
reprises, disparut définitivement au 15 ème siècle »
Les
Carthaginois pour leur part offraient à Saturne l’Africain (Baal
Hammon) des sacrifices
humains, les enfants nouveaux nés étaient les victimes
sacrificatoires[1].
Si du 16 au
20 décembre les Romains célébraient les
saturnales, dès le premier
siècle avant J-C, Rome rendait un culte au dieu Mithra,
dont la religion fut introduite à Rome par
les légionnaires. Ce dieu de la
lumière, était fêté le 25 décembre, lors
du solstice d’hiver. Les Romains fêtaient la naissance du « soleil
invaincu »,
c’est à dire ce dieu né d’une vierge et dans une grotte à qui on
sacrifiait
un jeune taureau le «dies natalis solis
invicti».
Signalons
que la plupart des divinités solaires on leur attribue le 25 décembre
comme
jour de naissance : Horus, Dionysos, Bouddha, Krishna, Prométhée etc…
Le
culte de Mithra en 274 devient religion officielle et l’empereur
Aurélien fixe
sa célébration le 25 décembre. Donc la
nativité du Christ se greffe sur des cultes plus
que millénaires, les Celtes au néolithique lors
de ce solstice
allumaient de grands feux de bois afin de chasser les ténèbres. C’est
ce jour
que la chrétienté imposera comme la date de naissance de Jésus soleil
de
justice.
Tony Mardaye
[1]
À ces sacrifices, selon la tradition patristique, le jeu des flûtes et
des tympanons ou tambours faisait un si grand bruit que les cris de
l'enfant immolé ne pouvaient être entendus.
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