C’est bientôt Noël
Il approche l’heureux moment. Hélas, pas pour le porc qu’on engraisse
avec soin dans chaque famille antillaise en vue de Noël.
Il approche l’heureux moment oui, celui de pouvoir fêter la venue du
Seigneur en mangeant force boudin et pâtés chauds.
Le jour venu, dès quatre heures du matin, toute la maisonnée est debout
et chacun a sa tâche bien définie, tel pour abattre la bête, tel autre
pour la dépecer, celui-la s’occupe du feu, celui-la de nettoyer les
boyaux pour le boudin. Da Elodie s’occupera des pâtés.
Elle a acheté la veille, de la ciboule, des clous de girofle, des
graines de bois d’Inde, des piments, de la farine, du beurre, de l’ail,
du poivre, du thym et du persil, et dès qu’on lui remet les morceaux
très gras destinés aux pâtés, et choisis à l’extrémité des cotes, la
voilà à l’œuvre.
Dans un moulin à viande, elle fait passer sa viande en même temps que
la ciboule, l’ail, le piment, le thym et les persil.
Bois d’Inde, girofle, poivre sont moulus très fin.
Dans une poêle, Da Elodie a mis sa viande à roussir avec toutes les
épices moulues ou broyées.
Elle a préparé une pâte feuilletée qu’elle étale au rouleau et pose
dessus de petits tas de viande roussie ; elle forme ainsi de petits
pâtés ronds qu’elle découpe dans la pâte.
Elle les range sur une plaque bien huilée et les badigeonne avec un
mélange de lait et de jaune d’œuf pour qu’ils soient bien dorés.
Le four étant chaud, elle les met jusqu’à ce qu’ils soient cuits à
point.
Tout le monde goûte en travaillant soit au boudin, soit au pâté, et
chacun donne son avis :
- Da Elodie, tu as oublié de mettre du sel dans tes pâtés.
M. Th. Julien Lung Fou
Recettes de cuisine martiniquaise de Da élodie
(chemin de l’Union-Didier – Fort de France).
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