Des Champs Elysée aux illuminations sans lumièreLe 24 novembre 2011, à grand renfort de battage médiatique
comme chaque année, les Champs Elysée ont été illuminés, donnant ainsi le
la des festivités de Noël dans la capitale. Ayant loupé l’évènement le jour j des illuminations,
six jours plus tard le cap est mis sur l’avenue, écharpe au cou, appareil photo
chargé à bloc, les prunelles prêtes à s’en repaître, c’est avec une petite
excitation toute enfantine que les marches de la station de métro sont grimpées
quatre à quatre. En sortant de la bouche de métro de la station Charles de
Gaules Etoile en guise d’éblouissement c’est la consternation ! Les yeux clignent plusieurs fois et se posent sans trop y
croire sur ces anneaux de lumière vertes, au nombre de trois, qui encerclent en
quinconce les arbres qui bordent l’avenue. En forçant le regard, à la faveur
d’une bourrasque de vent du soir, des guirlandes de petits miroirs ronds qui
pendillent des anneaux se laissent entrevoir. Eléments décoratifs visibles à
des yeux de lynx acérés ou avertis, qui laisse pantois le spectateur, d’autant
que ces disques de miroirs ne produisent visiblement aucuns effets visuels et
ne contribuent pas non plus à pourvoir l’ensemble de joliesse. De plus en plus médusée, un petit regard rapide jeté sur
l’écran de mon portable pour bien m’assurer de la date du jour, des fois qu’il
y aurait une méprise dans de timing du calendrier. Non point d’erreur, c’est
bien cela, ce sont belles et bien les illuminations de noël des Champs Elysées
de l’année 2011-2012. Telle une automate je dégaine l’objectif, shootant ces
anneaux qui font penser à des soucoupes volantes ou aux anneaux stellaires de
« Star trek » et de « La porte des
étoiles ». En arpentant les larges trottoirs des Champs c’est plus
une impression de passer dans une artère de fête foraine embourgeoisée qui se
dégage, tant le concept de noël est furtif et la notion du beau à des
années-lumière. Autre constat parmi la foule de passants, très peu
prennent des clichés immortalisant ce décor Les yeux se rabattent alors comme des morts-de-faim sur les vitrines des enseignes, symbole du luxe à la française recherchant par dépit des ornementations fabuleuses empreintes de la magie de noël et la… quid de toutes décorations.
L’ensemble des étalages des vitrines n’ont pas une once de
décoration, c’est à se demander si les responsables marketing de cette avenue
mythique sont bien au courant que, commercialement parlant, que les fêtes de
noël sont officiellement lancées. Rien, mais rien de rien n’y figure pour
appâter le chaland, ces devantures à la sobriété dépouillées renforcent la
dimension lunaire que donne les anneaux, à croire que dans la donne de cette
année, « faire noël » ne serait pas hype mais plutôt has been, une
vraie loose du bizness. Les commerces qui ont joué la carte de noël sont si rares
qu’ils se comptent sur les doigts d’une main, c’est dire. Au fur et à mesure que l’avancée de l’avenue se fait, les
anneaux de lumière changent de couleur, au vert se succèdent du bleu, du rose
puis du rouge à une allure sénatoriale, si bien qu’aucun effets, ni jeux de
lumière ne se produisent, pour les effets spéciaux on repassera. Ce n’est qu’au bout des Champs Elysée, dans les talus
qu’apparaissent enfin des décorations de noël, des grosses boules blanches
lumineuses telles des flocons de neiges flottant sur l’eau. Ces boules élément
central des décors sont entourées d’étoiles géantes lumineuses futuristes et de
sapins blancs ou naturels ornés de rubans bleus. Ces décors servent de transition entre l’avenue et le
marché de noël qui s’étend à perte de vue devant les jardins élyséens. Cette année, la plus belle avenue au monde a été décorée sans
féerie, aucune magie n’opère, parée de la sorte, l’avenue la plus glam du
monde, référence incontestée du chic verse dans le cheap bas de gamme avec ces
illuminations au rabais. Point positif, si conformément à certaines prédications
prêtées aux mayas, la fin de monde devait survenir à l’avènement de la nouvelle
année 2012, on pourra alors tous se ruer en cavalcade sous ces anneaux
interstellaires, en priant le miracle de l’enfant Jésus pour qu’il nous
téléporte vers un monde de lumière. Emmanuelle Desché Bramban. |
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