Noël endeuillé par une série d'attentats au Nigeria
ABUJA (Reuters) - Le jour de Noël au Nigeria a été endeuillé
dimanche par une série d'attentats à la bombe contre des églises chrétiennes
revendiqués par la secte islamiste Boko Haram, qui ont fait au moins 27 morts
et de nombreux blessés. L'an dernier à pareille époque, Boko
Haram, qui prône l'introduction de la charia dans un pays à la population
également partagée entre musulmans et chrétiens, s'était attribué déjà la
responsabilité d'une série d'attaques qui avaient fait au moins 80 morts à la
veille de Noël. L'attentat le plus sanglant a eu lieu à
Madala, à une quarantaine de kilomètres d'Abuja, la capitale administrative.
L'explosion s'est produite, selon des versions contradictoires, à l'intérieur
ou devant l'église catholique Sainte-Theresa, bondée de fidèles venus assister
à la messe de la Nativité. Un paroissien, Timothy Onyekwere, a dit
qu'il se trouvait dans l'église avec sa famille lorsque la bombe a explosé.
"Je me suis mis à courir et je ne sais pas où se trouvent mes enfants et
ma femme. Je ne sais pas combien il y a eu de morts, mais il y en a
beaucoup", a-t-il dit. Les services de secours ont récupéré 27
corps, a déclaré le père Christopher Barde, prêtre auxiliaire de l'église. Boko Haram - dont le nom signifie en
langue haoussa que l'éducation occidentale est impure - serait responsable de
la mort de plus de 250 personnes depuis juillet 2010, selon des organisations
de défense des droits de l'homme. Créé en 2003, le groupe s'inspire du
mouvement des taliban afghans. Ses partisans, qui portent de longues barbes et
des foulards rouges ou noirs, sont notamment présents dans les villes
septentrionales de Maiduguri, Kano et Sokoto. Boko Haram a revendiqué des dizaines
d'attentats et de fusillades dans son fief du nord du pays, ainsi que le
premier attentat suicide jamais commis au Nigeria, qui a fait 23 morts en août
dernier devant le quartier général de l'Onu à Abuja. DES ÉGLISES VISÉES À JOS ET DANS LE
NORD Quelques heures après l'attentat de
Madala, une autre bombe a explosé à Jos, dans le centre du pays, visant
l'église de la Montagne du feu et des miracles. Un policier a été légèrement
blessé, rapporte un journaliste de Reuters présent sur les lieux. Il n'y aurait
pas d'autres victimes. Une église de Gadaka, dans l'Etat
septentrional de Yobe, a été également touchée par une explosion qui a fait de
nombreux blessés. Les habitants de Damaturu, une autre ville de l'Etat de Yobe
où les islamistes ont combattu les forces de sécurité ces derniers jours, ont
fait état de deux explosions mais aucune précision n'a pu être apportée dans
l'immédiat. Selon des sources médicales, les
affrontements entre Boko Haram et l'armée et la police ont fait 68 morts depuis
jeudi à Damaturu et d'autres villes du nord-est du pays, une région semi-aride
éloignée des grands axes de transport. Réagissant à l'attaque de Madala, le
Vatican a condamné un geste "aveugle et absurde". "Nous sommes au côté des
souffrances de l'Eglise nigériane et du peuple nigérian tout entier qui subit
une pareille épreuve en ces jours qui devraient être joie et paix", a
déclaré à Reuters le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège. L'attentat à la bombe de Madala, a-t-il
ajouté, est "une manifestation supplémentaire de la violence aveugle et
absurde qui n'a aucun respect pour la vie humaine et cherche à attiser la haine
et le désordre". Le président nigérian Goodluck
Jonathan, un chrétien originaire du sud du pays, a qualifié l'incident de
"malheureux" et assuré que Boko Haram "ne serait pas toujours
là". "Cela se terminera un jour", a-t-il dit. Autour de l'église Sainte-Theresa,
bouclée par la police, plusieurs milliers de jeunes ont laissé éclater leur
colère, bloquant des routes menant vers le nord, majoritairement musulman, du
pays. Des policiers et des soldats ont tenté
de les disperser en tirant en l'air dans une atmosphère saturée de gaz
lacrymogènes. Felix Onuah et Camillus Eboh
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