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Syrie: les chrétiens fuient Homs pour célébrer Noël dans la montagne


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Fuyant le bruit des armes, une grande partie des chrétiens de Homs a célébré Noël dans la Vallée de Nazareth, une combe verdoyante et paisible, berceau du christianisme en Syrie, en contrebas d'un piton où est accroché un fort croisé, le Krak des Chevaliers. 

Debout dans le choeur de l'église du monastère Saint Georges de Michtaya, à une cinquantaine de km de Homs, Rami et Mara se signent quand le représentant de l'évêque patriarcal passe dans les travées pour bénir l'assistance. 

"Au début, les troubles ne touchaient que certains quartiers de Homs, mais aujourd'hui la folie s'est emparée de la ville. On voit désormais partout des hommes en armes. C'est très dangereux", affirme Rami, 37 ans qui habite avec sa femme dans le quartier de la gare.

"J'ai trois entrepôts à Baba Amro mais je n'y suis plus allé depuis trois mois. La dernière fois, un homme armé m'a demandé ma carte d'identité et en voyant mon nom il m'a juré que j'avais de la chance. Si tu avais été alaouite, je t'aurai tranché la gorge en faisant le signe avec son pouce", raconte cet ingénieur propriétaire d'un magasin d'appareils sanitaires.

Les meurtres confessionnels, qui prennent souvent l'allure de vendetta, se sont multipliés et les victimes sont principalement des habitants alaouites et sunnites de cette ville industrielle, à 160 km au nord de Damas.

Assistante à la faculté de pharmacie, son épouse Mara, 27 ans, qui tient dans ses bras son bébé de cinq mois, explique avoir décidé d'arrêter ses cours à la fin du semestre: "Il était hors de question pour nous de passer Noël, fête de la paix, dans cette ville. Maintenant nous envisageons sérieusement de nous installer ici".

Les bruits d'armes automatiques et d'explosions étaient entendus dimanche depuis 04H00 GMT dans ce lieu de contestation contre le régime Bachar al-Assad, notamment dans les quartiers sunnites du centre de la ville comme Baba Amro, Baba Sebaa, Bayada ou Khaldiyé, .

Tonya, 48 ans, est institutrice à Bab Sebaa. "L'école est ouverte, nous sommes 35 enseignants qui venons à tour de rôle, mais il n'y pas d'élèves. Quel parent serait assez fou pour envoyer ses enfants en classe alors qu'il y a des accrochages quotidiens entre les soldats et les hommes armés", dit-elle.

Mais impossible d'avoir de réponse sur l'identité de ces "hommes armés". La peur se lit sur les visages. Pour l'opposition et les comités locaux de coordination, qui animent la contestation, il s'agit de "déserteurs" ayant refusé de tirer sur les protestataires. Pour les autorités, ce sont des "gangs armés" ou des islamistes radicaux.

Près de 200.000 chrétiens vivent à Homs qui compte 16 églises.
"Depuis le début des événements en mars, 80 chrétiens ont été tués, dont vingt soldats. On dénombre parmi eux trois enfants", explique le métropolite orthodoxe de Homs Mgr Georges Abou Zakhem.

Selon le médecin légiste de l'hôpital, au moins deux cents personnes sont assassinées tous les mois à Homs.
Dans la basilique du monastère, construit au VIème siècle par l'empereur Justinien, Norma, la tête couverte d'un châle, affirme prier pour la paix dans son pays.

"Mon mari s'est installé depuis avril dans ce village après avoir fermé ses ses bureaux à Bab Sebaa. Pour nourrir ma famille, je passe la moitié de la semaine à Homs et l'autre ici", assure cette chirurgienne-dentiste de 45 ans.

"C'est chaque fois une véritable angoisse mais il faut la surmonter. Il n'y pas d'autre choix. Chaque nuit, il y a des tirs. Cette ville a perdu la raison", ajoute cette femme dont un oncle a été victime d'un meurtre crapuleux et un autre dont elle est sans nouvelle depuis son rapt il y a quatre mois.

Pour Mgr Nicolas Baalbaki, qui conduisait la messe, face "aux problèmes que connaît le pays, les chrétiens doivent distiller l'amour et la paix, qui sont l'essence de notre religion".

afp















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