C'est Noël ! Et il est difficile de trouver un endroit où l'on fête Noël comme dans la
Caraïbe ! Voici un aperçu de ce que font les blogueurs caribéens pour se mettre dans l'esprit de Noël…
Les blogueurs du
Guyana ont lancé un terme “Noël ne serait pas Noël sans…” Pour
Signifyin' Guyana
qui a lancé ce thème, la réponse est « le jambon fait par mon papa » et
« jouer à des jeux de société avec ma famille après en avoir mangé et
repris un rab » Guyana 911 donne son opinion (parfois de façon cynique)
en dressant la liste qui suit:
« - le grand nettoyage de Noël.
Whouuu..qu'est-ce qui s'est passé dans ta maison. Tu déménages ou quoi ?
- le ragoût national, le “Pepper Pot”.
l'actualité et
l'anniversaire de Jésus passent avant un ragoût. La Terre
s'arrêtera-t-elle de tourner si vous ne cuisinez pas le ”pepper pot”?
- le gâteau de fruits secs.
- un sapin de Noël.
Abattez-les tous, mais
surtout n'en faites pas des cartes de vœux pour Noël. Non…faisons-en
plutôt des meubles. En voilà une idée révolutionnaire. Des
meubles…quelque chose de vraiment utile.
- les spots publicitaires de la marque Singer.
- repeindre la maison et tout ce sur quoi la peinture veut bien adhérer.
- les envois d'argent. »
Raptus8 pense qu'offrir des cadeaux est un élément indispensable à Noël (si le cadeau lui est destiné):
« Puisque nous parlons de
cadeaux de Noël, je souhaiterais informer mes amis et ma famille que
malgré tout l'amour que j'ai pour eux, ils ne devront rien attendre de
plus qu'une carte de vœux cette année.
Je suis fauché, oui,
fauché, quoi… J'ai eu une promotion récemment ? C'est vrai, mais je ne
suis pas riche et je voudrais l'être et dois donc économiser de
l'argent. J'espère que vous comprendrez ma situation mais surtout que
ceci ne vous empêche pas d'acheter le petit quelque chose qui me
ressemble tant… »
Depuis la Jamaïque,
Iriegal
déclare que bien que Noël soit généralement associé à la famille, la
crise financière mondiale va toucher les envois d'argent et les cadeaux
faits par la diaspora jamaïcaine.
Nous savons que c'est la période de Noël en Jamaïque quand les barils commencent à rouler.
Les choses sont un petit
peu « salées » cette année. La situation économique a rendu
certaines choses rares et les frais d'expédition ont augmenté aussi.
Désormais, les gens envoient des « cartes de vœux ».
Elle rapporte aussi que la récession se fait ressentir autrement ce Noël:
« Noël n'est pas Noël
sans deh white dem, le rhum blanc jamaïcain. Nous l'utilisons pour
faire le sorrel, le jus de groseille et cuisiner le gâteau de Noël
jamaïcain, le Christmas Pudding et bien d'autres. Alors, pourquoi les
propriétaires de Wray and Nephew ont-ils décidé de renvoyer leurs employés juste avant Noël. N'est-ce pas se tirer une balle dans le pied ?
Les coupes budgétaires se
multiplient sur l'île, comme partout ailleurs dans le monde.
La récession qui touche les Etats-Unis est en fait un phénomène
mondial. Tout semble s'effondrer. Le plus triste, c'est que la plupart
des petites îles le ressentent d'autant plus. Lorsque l'on ne fabrique
rien et que l'on a rien, et que certains tentent de vous enlever ce
“rien”, c'est une catastrophe. »
Abeng News Magazine préfère se rappeler de Noël en Jamaïque au bon vieux temps,
ici et
ici .
The Devil Island.com des Bermudes sait que c'est Noël quand il entend José Féliciano chanter
Feliz Navidad :
«
Je jure qu'aucune chanson ne semble aussi parfaite, plus joyeuse ou entraînante pour Noël. »
Le blogueur trinidadien
This Beach Called Life
confirme en l'appelant “la meilleure chanson de Noël de tous les temps”
et en publiant même une vidéo de Féliciano en train de chanter sa
chanson fétiche. Il s'explique :
«
José Féliciano est un guitariste
accompli, qui chante avec un style et une voix très particuliers. Feliz
Navidad est devenu un classique de Noël et il est désormais impossible
de dissocier cette chanson de la période des fêtes. Feliz Navidad est
l'une des 25 meilleures chansons de Noël jouées et enregistrées dans le
monde. »
Pourtant, une autre blogueuse de
Trinité et Tobago,
Coffeewallah trouve qu'il est difficile de s'imprégner de l'esprit de Noël:
«
J'entends tout le temps certaines
personnes parler de leur foi “chrétienne”. Je suis toujours amusée car
ces mêmes chrétiens sont ceux qui rechignent le plus lorsqu'on leur
demande de participer à une collecte de conserves ou autre. Ce sont ces
mêmes personnes qui viennent vous demander plusieurs fois, entre
autres, de participer à la loterie de leurs enfants et qui vous
répondent en général J'ai donné pour une autre cause il y a deux mois.
J'y penserai pour le futur. Le Grinch dans toute sa splendeur. »
Malgré tout, les fondamentaux de Noël à Trinité et Tobago la ramènent tout de même à de meilleurs sentiments:
«
Les poinsettias ont fleuri, leurs
feuilles rouges et pointues égayent et illuminent l'espace généralement
triste. Malgré le temps pluvieux, nous étions bien au chaud avec notre
“ponche de creme” (sorte de lait de poule alcoolisé) pour nous
réchauffer et quelques chansons de Noël pour nous entraîner….et tout
allait bien finalement. »
En parlant de fondamentaux de Noël,
Simply Trini Cooking rend hommage au fameux dessert de Noël des antillais anglophones,
le gâteau de fruits secs et ajoute même une recette pour quiconque souhaiterait en faire un.
Barbados Underground rappelle les origines de ces fêtes et exprime son inquiétude sur sa dérive commerciale:
«
On célébrera Noël 2008 dans un
triste contexte économique pourtant les Barbadiens semblent suivre les
mêmes préceptes que les années passées…célébrer Noël avec des
motivations commerciales, pour un grand nombre d'entre eux. »
Cette crainte trouve un écho dans
Dominica Weekly, qui réfléchit au véritable sens de Noël et va plus loin en
s'interrogeant sur ce que Dieu penserait des célébrations modernes de Noël.
photo Jean S. Sahaï
Par contre, les célébrations de Noël dans les
Antilles françaises , semblent être ancrées dans la tradition. A l'approche du 25 décembre, Les Départements français d'Outre-Mer de
Guadeloupe,
Martinique et
Guyane vibrent au son de leurs instruments traditionnels tels que le
ka et les ti-bwa , et bien sûr, des cantiques de Noël. Bienvenue dans le monde des « Chanté Nwel » !
Dans le blog
Sous le Soleil de Guadeloupe, Pat et Jac présentent la situation paradoxale de l'île qui est absorbée par Noël et
traverse en même temps la crise du carburant.
«
Malgré tout, il y a une chose qui
persiste dans la célébration traditionnelle: le “Chanté Nwel”. Terme
créole pour “Chanter pour Noël” ou “Chanter (des cantiques de) Noël”,
il demeure le symbole de Noël dans ces territoires français. Jadis, le
“Chanté Nwel” était une occasion pour des familles entières de se
réunir et de passer dans le voisinage pour chanter des cantiques au son
du tambour “ka” et des “ti-bwa”. A cette époque, il était encore sûr de
marcher de nuit dans des villages très reculés. »
Même s'il est difficile de «
Chanté Nwel
» de la même manière qu'avant, les gens ressentent ce même besoin de
chanter les cantiques de Noël ensemble et de façon traditionnelle. Noël
n'est pas Noël sans « Chanté Nwel »! Cette tradition est si vive que
même la diaspora antillaise à l'étranger veut la célébrer. Sur son blog
Risbomontréal , un jeune étudiant guadeloupéen à Montréal décrit sa joie lorsqu'il a reçu une invitation pour un « Chanté Nwel » à Montréal:
«
Quelle bonne nouvelle que j'ai eu
ce matin en ouvrant mon p'tit mac :D ! La news lettre de ces types
super cool de Tropikal97 où ils invitent à participer à une super
soirée diner/Chanté Noël + Boite de nuit à l'antillaise et tout ^^ !!! »
photo : Coco B.
Apparemment, la fièvre des « Chanté Nwel » gagne tous les lieux où
résident des Antillais francophones: la preuve dans cette invitation
pour un Chanté Nwel à Cergy, dans la banlieue parisienne, parue sur le
blog de Carrefour du Soleil, par un groupe d'Antillais. Vous pouvez
aussi écouter Cactus, un groupe de musique traditionnelle
guadeloupéenne qui fait la promotion des Chanté Nwel dans un blog
intitulé Cactus Chanté Nwel. On y trouve même une
vidéo de Cactus en train de chanter des cantiques de Noël en créole.
Si vous ne pouvez pas vous permettre un voyage dans les Caraïbes pour
Noël, ne vous inquiétez pas, la chaleur antillaise va par delà la
distance grâce aux voix des blogueurs qui partagent leurs histoires de
Noël à
Cuba,
St. Vincent et les Grenadines, les Iles Caïmanes, et
Porto-Rico.
Certains billets sont plus optimistes que d'autres, mais il y a un sentiment palpable en cette saison: l'Espoir
Le blogueur bahaméen
Womanish Words écrit :
«
Soudain, une chorale. Elle chante
Deck the Halls. On les voit par la fenêtre du salon dans le noir. Ils
chantent merveilleusement bien.
J'aurais apprécié
d'entendre n'importe quel chanteur de cantique, un vieux de la vieille,
de ceux qui hurle; je l'aurais accueilli avec plaisir dans ces temps
difficiles. Quel que soit le groupe de personnes ouvertes, créatives,
coopératives et en harmonie, qui aurait suffisamment d'inspiration de
Noël pour se rassembler et chanter des cantiques devant des étrangers,
je les apprécierais forcément. Encore plus aujourd'hui où l'argent est
rare et que le fondamentalisme divise les quartiers par la haine ; tout
le monde est sur ses gardes face à la violence. Nous avons ouvert la
porte, allumé une torche et fait un don. Ils portaient tous des bonnets
de Père Noël. Ils chantaient comme une chorale d'un roman de Charles
Dickens. Des harmonies parfaites et des ténors qui s'élevaient. Notre
fils nous a demandé: “Chantent-ils pour nous?” Oui, ils chantaient pour
nous.
J'ai vécu cela comme un
moment éternel, un signe et une merveille, un message du monde des
esprits. Pour dire les choses simplement: allez-y, décorez vos maisons,
essayez d'être heureux, festoyez et donnez. Faites-le pour résister à
la peur de manière volontaire et pour la transformer en quelque chose
qui ressemblerait à du bien-vivre. »
Fabienne Flessel a contribué à ce billet.