Noël antillais dans les îles sous le
vent - ou la
« Misa tu
Aurora »
Nous limitons notre texte aux Iles Sous le Vent, Curaçao, Aruba et Bonaire et surtout de la façon dont les gens préparent les fêtes
de Noël,
ils le font de manière spéciale. La majorité des catholiques habitant l’île
va
chaque matin dès cinq heures remplir les églises, l’affluence est si
forte
qu’il n’est pas rare que des personnes restent dehors, faute de place.
Le premier temps de cette préparation est le
« dageraadsmis » il est destiné en premier lieu à un cours de
préparation de Noël. Il convient à cette époque que les maisons soient propres,
mais l’âme aussi purifiée.
Outre, la messe de l’aurore à également une
fonction sociale. Les gens se rencontrent en dehors, du moins à la fin de la
messe et partagent le café, le chocolat et le « suprême » servi
avec des cookies aux cacahuètes.
La culture « Bonairienne » ajoute à ces
pratiques une autre, qui consiste à vendre des "crêpes de tendresse" dont le
bénéfice est reversé aux églises.
La plupart de ceux qui ont suivi la messe de cinq heures
se rendent au travail, les autres vont à la ville faire leurs achats de Noël.
A Bonaire, il y a trois paroisses, ils sont nombreux à les
partager et les habitués d'une paroisse peuvent se retrouver dehors, alors du
lundi au vendredi ils bénéficient de la préparation particulière.
La tradition de la messe de cinq heures, provient
probablement des pays de l’Amérique centrale, leurs voisins.
Les prêtres espagnols en provenance du Venezuela ont été
peu de temps après la conquête, ont christianisé les Indiens sur les îles
de Curaçao, Aruba et Bonaire.
Les protestants hollandais font l’acquisition de ces
îles en 1634, les populations locales n’ont pas accepté le protestantisme
(la religion du repentir)
L’abolition
de l’esclavage a vu les anciens esclaves embrasser le catholicisme, les
prêtres espagnols furent très actifs, jusqu’au début du 19e siècle, en fait
jusqu’à l’arrivée du pasteur, l'évêque Niewindt en 1824.
La dernière
tradition adoptée provient des USA
« tradition de Noël » qui est d’origine américaine.
Dans toutes les îles les maisons et les jardins sont décorés de lampes électriques, le Père Noël, les rennes
et les arbres de
Noël, tournent la tête de certains habitants, cette pratique a été
initiée par
la Messe de l’Aurore.
Il y a dix
ans à
Curaçao dans le district de Santa
Catharina, on a vu débarquer les Mickey,
Goofy, Donald Duck et autres
personnages de dessins animés.
Ces
décorations avaient un prix, l’électricité coûtait
cher et face à cette exubérance de
lumière, les années suivantes les décorations
électriques sont devenues plus rares.
A Bonaire
il y avait le
concours de la meilleure décoration de maison, mais de nos jours cela
n’existe
plus mais persiste à Saba
Aux Pays-Bas
la messe de l’Aurore a été instituée en 1998
par l’équipe des Pères Blancs à la Hayes et par des immigrés des
Antilles, des
croyants, ils ont
recréé leur tradition,
sauf que la Messe de l’aurore débute à six heures dans l’église de la
rue des
Teniers et dure une heure. Mais ceux ne
pouvant s’y rendre, la suivent sur l’Internet, notamment celle de cinq heures du
matin se déroulant dans leur île.
Ce qui le
laisse croire que l’homme où qu’il soit se sent
dépositaire d‘une culture et même ailleurs tente de faire survivre
cette
pratique et les coutumes qui vont avec, ce que les sociologues
appellent le
repli sur soi.
Je n’ai jamais été
de leur avis, car s’il faut renier ce qu'ils sont pour ressembler à ce
que nous
ne sommes pas, ne peut déboucher que sur un mal être ou une
schizophrénie.
Aujourd’hui
nous devons apprendre à accepter l’autre comme
il est, avec les valeurs qu’ils portent en lui, et cesser de parler
d’intégration, d’insertion tous ces termes qui catégorisent les
individus et
les enferment dans des modèles comportementaux, dans ce qu’ils ne
veulent pas
être.
Evariste Zephyrin
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