Située au cœur de
Port-au-Prince, la grande place brille. Elle se prépare à recevoir le
monde qui y affluera pendant la Noël et la Saint-Sylvestre. Plusieurs
groupes musicaux et une comédie musicale s’offriront au public.
Champ de mars se prépare à fêter. Elle brille de ses quelques
lampadaires et lumignons accrochés aux arbres, auxquels s’ajoutent les
phares des voitures. Mais c’est, avec le Palais national, qui porte
bien sa robe de lumière, les deux endroits les plus brillants de la
capitale.
Les magasins tout autour ne sont pas décorés ni illuminés par l’esprit
de Noël. Les propriétaires n’ont pas le cœur à cela et renvoient la
fête à l’année prochaine.
Mais l’Etat, par le biais du ministère de la Culture et autres, met les
petits plats dans les grands pour que la fête ne passe pas inaperçue,
et la meilleure vitrine reste le Champ de mars.
Sur la place de la Constitution, une première curiosité : une crèche de
chaume abritant la Sainte famille. Le petit Jésus exposé à tous au
milieu des boeufs, des ânes et des Rois-Mages est une courtoisie de la
mairie de Port-au-Prince, apprend-on. Autour se font des va-et-vient,
des commentaires et des discussions sur la date exacte de la naissance
de Jésus…
Les inconditionnels du Champs de mars hantent toujours la place et
commentent les dernières mesures du gouvernement pour mettre un peu de
baume au coeur d’une population meurtrie par les catastrophes d’il y a
quelques mois.
Dans la nuit du 23 décembre, à la veille de la veille de la fête, le
Champ de mars parait moins encombré. Il est débarrassé de ses
barbecues, mais c’est presque le même avec ses flâneurs, ses
détaillants (boisson, sucreries), ses marchands de cartes téléphoniques
et ses prostitués. A la place Pétion, une note d’innocence, les enfants
jouent sur les manèges. A côté, les éternels étudiants étudient et les
amoureux se tiennent par la main, se préparant à recevoir le Père Noël.
Autre curiosité, une troupe de comédiens, chanteurs et acteurs qui
jouent dans un décor minimaliste, sans lumière, et recommencent
lorsqu’ils se perdent sur les ordres d’un metteur en scène français.
C’est Haïti en scène qui répète au Kiosque Occide Jeanty la pièce
«Notre-Dame de Paris» qu’elle doit y jouer le 25 et c’est Bertrand à la
barre.
Selon des observateurs commentant cette initiative, c’est bien que de
tels spectacles soient joués en plein air pour l’édification du public,
pour lui donner autre chose à voir.
Mais tout autour l’on ne ressent pas vraiment la fête. L’ambiance
semble la même que pour les autres jours et le Champ de Mars est
orphelin de son Rex qui se ferme sur le poster géant d’un Indiana Jones
vieillissant qui prend de l’élan pour sa dernière croisade.
Autre note défiant le silence, après Haiti en scène, le bruit des
marteaux des constructeurs de stands devant recevoir des groupes
musicaux tels Brothers Posse (le 24 décembre), Rockfam et l’Orchestre
Sptentrional qui célébrera ses 60 ans sur la grande place le 26. Comme
un prélude au carnaval.