Victorin
LUREL présente ses voeux
aux forces vives de la Guadeloupe
Dans un hémicycle
comble, le président de la
Région Guadeloupe a reçu les
chefs d'entreprise, les partenaires sociaux, les chambres consulaires,
les
syndicats et les ordres professionnels à qui il a détaillé les mesures
du plan
de relance de l'économie initié par la Région Guadeloupe.
Mesdames et
messieurs,
En vos grades
et qualités, je veux vous souhaiter la bienvenue dans cet hémicycle
pour notre premier rendez-vous de l’année. Un rendez-vous traditionnel,
celui
des vœux, que je souhaite vous adresser à toutes et tous, à chacune et
à
chacun, en mon nom personnel et au nom des élus et du personnel de la
Région
Guadeloupe dont certains sont aujourd’hui à mes côtés.
L’année dans laquelle nous sommes entrés de plein pied s’annonce en
effet
difficile. Nous le savons : 2009 nous demandera encore plus d‘ardeur à
la tâche
; encore plus d’abnégation pour répondre aux défis qui sont devant nous
;
encore plus d’attention aux difficultés de la population, des familles
et de
nos quartiers ; et encore plus de soutien envers les « forces vives »,
les
entreprises – en particulier les petites –, les chambres consulaires,
les
partenaires sociaux, bref tous ceux « qui font tourner la maison
Guadeloupe »,
qui créent de l’activité, des emplois et des richesses.
Progressivement, une grande crise économique et financière s’est
installée un
peu partout dans le monde en 2008. Mais, avant même que les effets de
cette
crise aient atteint nos rives, nous avons ressenti très nettement un
ralentissement de notre économie, après trois années, depuis 2004,
particulièrement dynamiques.
Pour les ménages, c’est le pouvoir d’achat qui n’a cessé de se dégrader
à mesure
que s’envolaient de nombreux coûts et tarifs liés, notamment, au prix
des
carburants et aux prix des services. Pour les entreprises – vous avez
été
nombreux à nous le faire savoir – ce sont clairement les remises en
cause des
dispositifs incitatifs à l’investissement par le gouvernement dans la
préparation de sa loi programme qui ont provoqué un attentisme, une
prudence,
voire une frilosité qui ont conduit à des reports, voire à des
annulations
d’investissements.
De sorte qu’aujourd’hui, dans les premiers jours de 2009, si l’économie
guadeloupéenne n’est pas en panne, elle a cependant grand besoin d’être
soutenue et d’être relancée afin, non seulement de sauvegarder des
emplois,
mais surtout de continuer à en créer.
C’est le sens de l’initiative que la Région Guadeloupe a prise en
décembre
dernier afin d’élaborer en concertation avec les maires, le Conseil
général et
l’Etat, un plan de relance de l’économie guadeloupéenne de grande
ampleur, en
mesure de nous permettre de traverser les turbulences du moment en
adoptant une
stratégie offensive. Un plan de relance qui nous permette de sortir
plus forts
et mieux armés de cette période difficile.
Nous étions alors en pleine préparation de notre budget 2009 que nous
avons
finalement adopté le 23 décembre. Ce budget primitif se voulait aussi
réaliste
que volontariste en atteignant 304 millions d’euros, dont 130 millions
d’investissements. Mais, au-delà de ce budget, nous avons en urgence
mis sur
pied une relance qui prévoit pas moins de 85 millions d’euros
d’investissements
supplémentaires. Notre budget et notre plan de relance sont donc les «
armes
anti-crise » que nous avons souhaité mettre en œuvre, avant même que
les
mesures de l’Etat soient opérationnelles.
Grands travaux routiers, de littoraux ou de rénovations urbaines à
Pointe-à-Pitre et aux Abymes, nouveaux programmes de logements, soutien
aux
entreprises, promotion touristique, ce sont en tout 107
millions d’euros
que nous avons décidé d’orienter spécifiquement et en urgence vers les
secteurs
les plus porteurs et les plus créateurs d’emplois. L’objectif est de
lancer un
maximum de chantiers dès les premiers mois de cette année afin de
garnir les
carnets de commande des entreprises, tout en répondant à des besoins
très
précis des Guadeloupéens, comme le logement.
La mise en œuvre de ce plan doit ainsi permettre la mise en chantier de
4.000
logements aujourd’hui bloqués faute de garanties financières proposées
aux
bailleurs sociaux. Dans quelques mois, cet effort profitera directement
aux
nombreuses familles aujourd’hui en attente de logements sociaux décents.
Nous avons fait ce choix de la relance par l’investissement, car ce
sont ces
investissements qui créeront de l’activité et des emplois tout en
poursuivant
la modernisation de notre économie et de ses infrastructures.
Pour réussir, il nous faudra donc être en mesure d’accélérer les
chantiers déjà
en cours et d’anticiper certains travaux qui auraient démarré plus
tard, sans
cette situation exceptionnelle. C’est la mission que j’ai confiée à mon
administration
et, pour la mener à bien, je compte bien évidemment sur nos entreprises
pour
être en mesure de relever avec audace ce défi. Car, il faudra supporter
cette
montée en charge en évitant tout risque de surchauffe.
Ainsi, dans les prochains mois, des travaux routiers seront accélérés
ou
amplifiés : la construction de l’accès au nouvel hôpital de Capesterre,
l’aménagement de la traversée de Basse-Terre, le giratoire Caillebot à
l’entrée
du Moule, le recalibrage de la déviation de Sainte-Anne, la
reconstruction du
pont Dongo, la construction du giratoire de Bologne à Basse-Terre, et
j’en
passe…
De même pour la protection des littoraux et des berges des rivières
avec les
réparations en Côte sous le vent après Omar, le réaménagement de la
Rivière aux
Herbes, ou encore les nouveaux aménagements des berges à Grande Plaine,
Beaugendre, Rivière des Pères et du Pérou.
En matière de bâtiments publics, nous amplifierons les réparations dans
les
lycées avec un programme qui intéressera tout particulièrement les PME.
La Cité
de la connaissance à Saint- Claude, mais aussi l’Université du Camp
Jacob et
l’abattoir de Galéan seront accélérés. Je ne veux pas oublier la
rénovation du
Centre des Arts de Pointe-à-Pitre, la construction du Hall des sports
du Gosier
et le complexe sportif de Bergevin, ni les travaux en BEA qui
concerneront
l’Université des métiers, le Centre technique du football, la maison
régionale
de l’élevage et le futur lycée du Gosier.
Le logement représentera un très gros morceau de ce plan de relance car
nous
avons l’ambition de permettre le déblocage de la construction de 4.000
logements en 2009, en intervenant aux côtés du Département et de la
Caisse des
dépôts. Dès cette année, nous apporterons également 6 millions d’euros
supplémentaires aux opérations de renouvellement urbain des Abymes et
de
Pointe-à-Pitre. Nous mettrons des terrains du patrimoine régional à la
disposition des bailleurs sociaux, nous participerons à hauteur de 3
millions
d’euros au FRAFU et nous mobiliserons près de 7 millions d’euros dans
les
dispositifs d’amélioration de l’habitat que sont l’ARSAH et le PAPODH,
particulièrement destinés aux familles modestes.
Pour l’aide directe aux entreprises, un fonds d’investissement régional
sera
abondé à hauteur de 800.000€ afin d’appuyer les projets des entreprises
qui
manquent de fonds propres, principalement dans les secteurs à forte
valeur
ajoutée et créateurs d’emplois.
Nous abonderons également le fonds DOM à hauteur de 700.000 € dès le
début de
cette année pour faciliter le recours au crédit bancaire à court, moyen
ou long
terme.
Les fonds européens seront également sollicités pour participer à la
relance.
Les procédures seront simplifiées à ma demande afin de faciliter
l’accès des
entreprises à ces dispositifs.
Enfin, le plan de relance visera également chacun des secteurs porteurs
de
notre économie.
Le tourisme, qui est sans doute l’un des secteurs les plus vulnérables
dans un
contexte de crise économique internationale. Les aides à l’amélioration
de
l’offre touristique seront renforcées, le développement de la filière
croisière
et plaisance sera accompagné encore plus fortement dans le cadre du
plan
nautisme régional. La modernisation et la montée en gamme de nos
infrastructures d’hébergement sera intensifiée. Et, de nouveaux efforts
seront
produits en matière de promotion touristique pour conquérir de
nouvelles cibles
et renforcer la notoriété de notre archipel face à une concurrence très
âpre en
temps de crise.
L’agriculture n’est pas oubliée avec un accompagnement encore plus
soutenu à
l’installation de nouveaux agriculteurs sur les terres détenues en
indivision
par la Région et le département. Le programme de modernisation de
l’outil
industriel sera lui aussi accéléré. J’ai déjà dit quelques mots de
l’abattoir
du sud Basse-Terre dont la construction commencera cette année.
J’annonce aujourd’hui, après concertation avec les représentants du
monde
agricole, une aide aux intrants sur 2 ans à raison de 385.000 euros en
2008 et
une somme à calculer en fonction de la recette 2009.
En matière de pêche, la modernisation que nous avons engagée en 2004 se
poursuivra à un rythme encore plus soutenu, aussi bien pour la flotte
que pour
doter les marins-pêcheurs de moyens de conservation et de
transformation des
produits de la mer.
Le secteur de l’environnement et des énergies renouvelables bénéficiera
aussi
des mesures du plan de relance, à la hauteur que nous plaçons
aujourd’hui en ce
domaine qui est, très clairement, porteur du plus gros potentiel en
termes
d’emplois en même temps qu’en terme d’intérêt général. Nous créerons
ainsi un
dispositif de bonification des taux d’intérêt des prêts aux
particuliers pour
des travaux d’investissement ou d’équipement en matière de maîtrise de
l’énergie ou de protection des ressources rares. La Région prendra par
ailleurs
en charge les surcoûts « haute qualité environnementale » des grands
équipements comme le Centre gérontologique du Raizet ou le nouvel
hôpital local
de Capesterre.
L’emploi est notre préoccupation constante et même si la politique de
l’emploi
demeure une compétence d’Etat, la Région poursuivra ses grands efforts
pour
lutter contre le chômage de masse et le cortège de désespérances qu’il
génère
dans notre société. Aux côtés de notre dispositif « emploi tremplins »
qui a
déjà permis de créer plus de 600 emplois stables et durables, et qui
sera
étendu en 2009 aux CDD, nous avons l’ambition de mettre en œuvre un
chèque
régional emploi durable qui pourrait permettre le maintien dans
l’emploi d’un
salarié menacé de licenciement en lui offrant une possibilité de
renforcement
de ses compétences ou de reconversion.
Voilà très rapidement brossé, la physionomie de notre plan. Je l’ai
dit, il
répond à l’urgence de notre situation économique qui, sans être encore
frappée
par les conséquences de la crise économique mondiale, est déjà frappée
par les
conséquences de la remise en cause par le gouvernement de plusieurs
dispositifs
incitatifs à l’investissement dans notre archipel.
C’est pourquoi je profite, d’ailleurs, de ces vœux pour demander
solennellement
au gouvernement de suspendre dès aujourd’hui l’application des mesures
Jégo
qui, en plus d’avoir précipiter les économies ultramarines dans un
marasme très
palpable, risquent fort de réduire à néant les quelques efforts que
l’Etat
entend produire pour les DOM dans les mesures nationales de relance
décidées
par le gouvernement.
Je demande donc que soient suspendus la modification de la dégressivité
des
charges patronales, ainsi que le plafonnement de la défiscalisation. Je
demande
également que soit abandonné le projet de loi programme pour
l’outre-mer qui,
bientôt 2 ans après son annonce, ne peut plus être adapté aux réalités
d’aujourd’hui. Je le dis avec clarté, les mesures prises par le
gouvernement
sont de nature à rendre la crise dans nos économies encore plus dure à
supporter, mais aussi plus durable.
Le plan de relance que je viens de vous présenter nécessitera très
probablement, je l’ai dit, de recourir à l’emprunt. Non pas dès
aujourd’hui,
mais après quelques mois d’exercice budgétaire, quand l’effort que nous
mettons
en œuvre pour accélérer des chantiers et des commandes aura été évalué.
Vous le
savez, en 2004, face aux désastres de l’héritage, nous nous sommes
fixés comme
objectif principal en matière financière d’assainir, de redresser et de
désendetter. Pour cela, il fallait impérativement geler tous les
emprunts. Nous
étions en effet la Région la plus endettée de France avec plus de 750
euros par
habitant. Aujourd’hui, ce ratio a été abaissé à 400 euros par habitant,
mais
nous sommes toujours au-dessus de la moyenne nationale. Et, plus encore
que ce
chiffre, il est important de noter que notre ratio de désendettement
qui sera
de 2,5 années en 2009 est nettement inférieur à celui des grandes
collectivités. Si l’on considère, de plus, que l’endettement de notre
collectivité est sain, sans aucun produit toxique, avec un risque nul
de
dérapage des frais financiers, il apparaît que le coût de notre dette
doit
baisser en 2009.
C’est donc précisément le moment de ne plus s’interdire le recours à
l’emprunt,
face aux incertitudes de la conjoncture, face aux besoins de notre
économie et
face à l’ampleur des projets qui sont les nôtres. Au moment d’examiner
notre
budget supplémentaire, nous évaluerons nos besoins en financement pour
poursuivre
sur la lancée de notre plan de relance, et je proposerai un emprunt
qu’aujourd’hui nous pouvons estimer à 50 millions d’euros.
En politique, il faut savoir apprécier non seulement les décisions que
l’on
prend, mais surtout le contexte dans lequel nous sommes amenés à
prendre ces
décisions. Poursuivre le désendettement coûte que coûte quand
l’économie
ralentit, ce ne serait pas de la bonne politique.
Tout comme je crois que relancer, aujourd’hui, le débat institutionnel
ne
serait pas de la bonne politique.
Comme vous tous, j’écoute et j’observe les tentations de faire de ce
débat un
enjeu central de l’année 2009 et, bien évidemment, au-delà. Or, je
crois
précisément qu’au moment où les Guadeloupéens s’interrogent sur des
questions
aussi concrètes que l’emploi, l’éducation, la formation, les
qualifications, le
logement, le pouvoir d’achat, la santé, la solidarité
intergénérationnelle, la
relance de cette question nous éloigne des vraies préoccupations du
moment.
Je veux vous redire que nous, conseillers régionaux dans cette
assemblée – et
pas davantage nos collègues du Conseil général d’ailleurs – n’avons été
élus
pour rouvrir au cours de cette présente mandature le débat
institutionnel que
les Guadeloupéens ont tranché à plus de 75 % des voix en votant « non »
au
projet qui leur a été soumis en 2003. Et je ne laisserai personne
émettre ne
serait-ce que l’idée que Victorin LUREL et sa majorité l’ont trompé en
disant
une chose en 2004 et en faisant son contraire quatre ans après.
Je prétends que ce n’est pas un nouveau statut, ni l’effervescence
politique
qui précédera son élaboration, qui nous permettront de répondre, ici et
maintenant, aux inquiétudes et aux besoins de nos concitoyens. Et,
certainement
pas à 14 mois de la date prévue pour les prochaines élections
régionales.
Le gouvernement a engagé un processus de réflexion mené par le comité
présidé
par Edouard BALLADUR et je regrette que, pour l’heure, les élus
guadeloupéens
n’aient pas été invités à s’exprimer sur la question de la répartition
des
compétences entre les différentes collectivités. Mais, au-delà de ce
que
prépare ce comité, chacun doit avoir à l’esprit que la constitution
impose
aujourd’hui un référendum pour tout changement dans l’architecture
institutionnel de notre territoire.
C’est pourquoi, si cette question doit être relancée avec la réelle
ambition de
réussir et non avec des arrières pensées politiciennes, elle ne pourra
l’être
que dans la clarté, après les élections régionales de 2010 dont elle
sera l’un
des sujets parmi d’autres. A charge pour chaque groupe politique,
chaque liste
présente à ces élections, d’indiquer aux électeurs sa vision, son
projet et son
calendrier.
Pour ma part, je ne me laisserai imposer aucun calendrier qui ne serait
pas le
mien, ni celui des urgences de la Guadeloupe.
Ma priorité pour cette année est de mener à bien le plan de relance
dont je
vous ai présenté les grandes lignes. Ma priorité est de poursuivre avec
acharnement et enthousiasme le travail de modernisation que j’ai engagé
avec
cette équipe en 2004 et pour lequel j’ai trouvé en vous des partenaires
disponibles et constructifs et je vous en remercie. Ma priorité est de
continuer ce combat que j’ai engagé il y a plusieurs années pour
défendre le
pouvoir d’achat des Guadeloupéens.
Nous espérons, là encore, vous retrouver à nos côtés pour le
poursuivre. Je me
réjouis d’ailleurs de voir que ce thème est devenu au fil des mois très
populaire, au point qu’un collectif de syndicats et d’associations en a
fait
son cheval de bataille. Hélas, loin d’unir les Guadeloupéens, il
cherche pour
l’heure à les diviser en mettant en cause leurs élus dans des diatribes
lourdes, là encore, d’arrières pensées politiciennes. Je les ai invités
à venir
échanger ici demain 14 janvier avec l’espoir que le mouvement légitime
qui doit
nous permettre de faire la lumière sur un certain nombre de
dysfonctionnements
de notre économie ne se fasse pas, précisément, au détriment de la
marche de
notre économie, sans laquelle il n’est pas d’emplois, ni de richesses à
répartir.
C’est l’un des vœux que je formule pour cette année 2009 : que nous
sachions
trouver en nous-mêmes des trésors d’unité et de cohésion pour affronter
les
turbulences à venir.
J’y ajoute, bien évidemment, mes vœux sincères de bonne et heureuse
année à partager
avec vos proches et vos familles. Que 2009 soit pour vous une année
riche de
bonheurs personnels et d’accomplissement professionnels. Soyez
passionnés par
la vie, par ce que vous faites et par le monde qui nous entoure. "Rien
de grand dans ce monde, disait Hegel, ne s’accomplit
sans passion".
Je vous remercie.
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