Les vœux de Victorin Lurel
« Mes chers compatriotes, de
Guadeloupe, de l'Hexagone et d'ailleurs,
L'année qui s'achève aura été particulièrement difficile pour beaucoup d'entre
nous. Les effets des crises mondiale et nationale et les conséquences négatives
de notre crise sociale de 2009 ont continué de peser très durement sur notre
économie, mais aussi sur notre moral, sur nos espérances et sur notre foi en
l'avenir.
La violence qui endeuille les familles, l'hécatombe meurtrière sur nos routes,
la dérive d'une partie de notre jeunesse, le chômage, le coût de la vie, les
tensions sociales qui perdurent et qui sont parfois entretenues, n'incitent pas
- c'est un fait - à l'optimisme.
Face à ces difficultés, vous êtes de plus en plus nombreux à douter, voire à
désespérer de la politique et de ceux qui sont vosélus. Vous y êtes même
parfois encouragés par un discours ambiant qui est aussi simpliste que
dangereux pour notre démocratie.
Pourtant, à bien y regarder, la plupart des difficultés que nous rencontrons ne
sont pas spécifiques à la Guadeloupe. Nos voisins les plus proches et bien
d'autres pays du monde ont, eux aussi, à y faire face.
Nous ne sommes ni un îlot de misère dans un océan de prospérité, ni un foyer de
violences entouré d'un havre de paix perpétuelle. Comme ailleurs, nous avons
nos forces, nos faiblesses et la pire de nos faiblesses c'est probablement
cette capacité à s'auto-dénigrer. Notre peuple est plus grand et plus fort que
nous le pensons.
En mars dernier, lors des élections régionales, vous avez choisi d'accorder
massivement, et dès le 1er tour, votre confiance au large rassemblement de
femmes et d'hommes qui composaient la liste« Tous pour la Guadeloupe » que j'ai
eu l'honneur de conduire.
Le message d'espoir et de confiance que nous avons porté durant la campagne,
nous nous employons jour après jour à lui donner senset corps. Nous l'avons
fait tout au long de l'année 2010 et nous le ferons encore en 2011 :
- en mettant en œuvre notre part du plan d'urgence pour nos jeunes en déshérence,
je m'y suis personnellement engagé ;
- en poursuivant l'action entreprise grâce à notre société d'économie mixte de
patrimoine pour structurer la grande distribution et mieux lutter contre la vie
chère ;
- ou encore en continuant de développer l'offre de formation avec la mise en
œuvre de l'établissement public de formation professionnelle.
Nous poursuivrons aussi la mise en œuvre de l'accord signé le 4 mars 2009 avec
les syndicats. Au moment où je parle, 80% des points concernant la Région ont
été appliqués.
En 2011, nous serons toujours aux côtés de ceux qui osent et qui veulent
réussir, dans tous les domaines dans lesquels nos talents s'expriment. Nos
jeunes, nos chefs d'entreprises, nos artistes, nos sportifs... Ils sont
nombreux et avec nous, ils construisent la Guadeloupe.
Pour autant, chacun doit comprendre aussi que la Région seule ne peut pas tout
assumer, ni tout endosser ; même avec labelle synergie qui nous faisons vivre
avec le Conseil général.
Pour ma part, je consacre toute mon énergie à ma tâche. Je m'emploie à
rassembler les bonnes volontés pour donner envie à notre Guadeloupe d'avancer,
plus sure d'elle-même. Je pense l'avoir démontré lors du dernier Congrès des
élus départementaux et régionaux durant lequel nous avons débattu de l'application
chez nous de la réforme des collectivités territoriales.
Le choix que nous avons fait d'accepter la loi commune en l'adaptant à nos
réalités simplement sur deux points, c'est celui de la sagesse et de la
prudence. Ce sont des petits pas, mais ce sont des pas sûrs, car nous savons où
nous voulons aller.
C'est la voie qui s'impose à nous qui sommes allés à votre rencontre et qui
savons que l'évolution institutionnelle n'est pas la priorité du moment.
C'est aussi la seule voie qu'il convient de suivre face à un gouvernement qui,
malgré la présence d'une compatriote en son sein, ne considère décidément pas
l'Outre-mer comme une priorité.
L'année qui commence nous demandera encore des efforts. Je nous exhorte à faire
celui de nous unir davantage. Je nous exhorte à aimer le pays davantage et à
nous aimer davantage.
Une grande part de ce que nous cherchons est au fond de nous-mêmes. La
politique ne suffit pas, à elle seule, pour changer le monde, même si elle doit
évidemment y contribuer fortement.
« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde », disait Gandhi. Oui,
pour changer le monde, il faut aussi se changer soi-même.
Bonne année. Bonne année à toutes et à tous. Prenez soin de vous. Prenez soin
du pays. Tjen Tchè ! ».
Victorin Lurel
Président du conseil régional de Guadeloupe
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