Mêlant rites païens et traditions chrétiennes, la célébration de Noël en Europe reflète l'infinie diversité dans l'histoire et la culture des peuples du Vieux continent.

D'Oslo à Séville, de Dublin à Varsovie, la fête est célébrée le 25 décembre, ou la veille au soir, lors du traditionnel repas de réveillon. Partout en Europe, les références bibliques demeurent et c'est bien la naissance du Christ que l'on commémore, même si Noël s'est largement sécularisé.

En Suède, les membres de l'Eglise luthérienne ultra-majoritaire assistent généralement au service du 25 au matin, tandis qu'au Portugal catholique, les croyants célèbrent la messe de minuit après la "ceia de Natal" (souper de Noël).

En Italie, on fête Noël entre le 24 et le 25 décembre, mais une tradition assez enracinée à Rome donne la priorité à la veille. Contrairement à la plupart des Français, les Allemands, qui se préparent des semaines à l'avance en célébrant l'Avent chaque dimanche de décembre, ne travaillent pas le 24.

Inévitablement, les différences se retrouvent aussi dans l'assiette. A la morue portugaise et aux fruits de mer espagnols, les Italiens opposent le "maigre": aucune viande ne figure au menu romain composé de légumes et de poisson, frit en beignets. La carpe, arrosée de vodka ou de vin, constitue le met principal du copieux repas de Noël en Pologne ou en Hongrie, tandis que les Irlandais et les Anglais ne jurent que par la dinde rôtie.

Toutefois, selon l'anthropologue française Martyne Perrot, auteur d'une "Ethnologie de Noël" (Grasset, 2000), les éléments communs aux pays européens sont légion depuis le XIXe siècle. "Il y a des choses très européennes, même universelles, le fait par exemple que Noël soit devenu une fête de famille" et que les enfants en soient le centre, observe-t-elle.

C'est d'ailleurs pour eux qu'apparurent les débonnaires Père Noël et Saint-Nicolas. "A part le petit Jésus bien sûr, les personnages distributeurs sont totalement païens, même si Santa Claus aux Etats-Unis est issu de Saint Nicolas, emporté dans leurs bagages par les Allemands et les Hollandais", note Martyne Perrot.

En Grande-Bretagne, le Père Noël (Father Christmas ou Santa) arrive sur un traîneau tiré par des rennes. Le bonhomme en houppelande rouge et à la barbe blanche descend par la cheminée pour remplir de camions de pompiers ou de poupées les bas de laine que les enfants ont accrochés au pied de leurs lits.

En France, les enfants sages vont ouvrir leurs cadeaux au pied du sapin le 25 au réveil ou le 24 au soir après la bûche. Dans beaucoup de familles polonaises et allemandes, un membre de la famille, généralement le père, assure lui-même la distribution après avoir revêtu l'accoutrement adéquat.

Au Portugal, le Père Noël arrive également par la cheminée dans la nuit du 24 au 25 décembre. En Allemagne, le "Christkind" (enfant Jésus) fait sa distribution le 24 décembre en fin d'après-midi ou en soirée, après l'une des messes célébrées tout au long de cette journée. Son passage est signalé par une clochette.


Et, de fait, l'Eglise n'a de cesse de rappeler que dans la tradition chrétienne, c'est l'enfant Jésus qui apporte les cadeaux. C'est à lui, par conséquent, que doit revenir la gratitude des enfants. C'est forts de ce principe que des ecclésiastiques français avaient brûlé en 1951 à Dijon l'effigie du Père Noël. Ont-ils pensé, devant ce robuste vieillard à l'habit rouge, qu'il s'agissait du diable ?

Sous la pression de l'Eglise, l'Italie avait aboli dans les années 1980 la fête de la "befana", une sorcière du sud du pays qui apporte aux enfants davantage de cadeaux à l'Epiphanie (6 janvier) que le petit Jésus le jour de Noël. Cette tradition a dû être rétablie par le Premier ministre de l'époque, Giulio Andreotti, à la suite de manifestations populaires.

A Naples, La crèche de Noël fête cette année les 780 ans de sa naissance et les amateurs du monde entier se pressent à Naples, où tout un quartier se consacre depuis des siècles à la fabrication de santons et de scènes de la nativité.

La tradition veut que la crèche ait été inventée par Saint François d'Assise, le jour de Noël 1223. Il eut le premier l'idée de célébrer la naissance de Jésus avec un tableau vivant de personnages et d'animaux, dans une grotte de Greccio, un bourg minuscule à 800 mètres d'altitude près de Rieti, 150 km au nord est de Rome.

(AFP)

26/12/03