Joyeuses fêtes de Noël et de Jour de l'An |
Tante ArieLa
légende de la Tante Arie figure parmi les plus vieilles croyances
répandues
dans tout le Pays de Montbéliard. Bonne fée sans baguette magique, qui
au
moment de Noël est chargée d'apporter les étrennes destinées aux
enfants. Elle
remplace à la fois le père Noël et Saint Nicolas. Jadis,
celle-ci circulait dans tout le Comté et sur les terres environnantes
de
Belfort, Blamont, Hérimoncourt, Clerval et même Porrentruy dans l’Ajoie
suisse.
Est-elle,
comme l’assurent les uns, « la
dernière fille des druides »,
continuant à hanter les lieux où résonnaient leurs chants lors de la
cueillette
du gui, ou la réincarnation de la « bonne comtesse » Henriette de
Montfaucon-Montbéliard, châtelaine d’Etobon, dont le mariage avec un
comte de
Wurtemberg plaça le fief sous cette domination ? Quand elle mourut
en
1444, elle fut si regrettée que le ciel ne voulut pas qu'elle disparût
totalement. Elle fut chargée de veiller sur le pays et procurer aux
enfants les
joies de Noël. Ainsi la comtesse Henriette devint la Tante Ariette ou
Tante
Arie (en prononçant son nom, les autochtones disaient dans leur patois
« Ariette » ou même « Airie », « Arie ».) La
tradition précise que cette tante d’un certain âge, mais au visage
encore jeune
sous les cheveux blancs, est vêtue comme la plus modeste paysanne de
chez nous,
avec son bonnet à diairi, sa « frileuse », sa jupe assez
courte pour
laisser voir ses souliers bas à boucles, emmitouflée dans une ample
pèlerine la
protégeant de l'humidité. Elle
habite dans des grottes profondes et difficilement accessibles,
préférant de
beaucoup celle de la Combe noire près de Blamont et parfois la caserne
de la
Faira près de Réchésy et Beurnevésin, à la frontière suisse,
ou même l’antre creusé dans le roc sur lequel se dresse la tour de Milandre, proche de Delle et Boncourt. A l’approche de Noël, les mamans parlent
d’elle à leurs rejetons. Dans une
chambre, on prépare pour chaque marmot de la famille un petit autel
comportant
autant de cierges que le nombre d’années marquant l’âge du bambin.
Garni de
bonbons et gâteaux (il figurait un peu l’arbre de Noël actuel qui l’a
d’ailleurs remplacé). Ni les uns ni les autres n'oublient de placer sur
la
fenêtre ou sur la cheminée le sabot où la bonne tante doit laisser son
présent. Le
soir du 24 décembre, la bonne fée descend soit du Mont-Bart, au
sud-ouest de
Montbéliard, soit du Lomont, contrefort jurassien, avec son âne chargé
de
cadeaux, de biscuits qu’elle confectionne elle-même : les
« nichottes », car c'est une excellente pâtissière.
Impatients, puis
heureux, les enfants ne s’endorment ce soir-là que lorsqu’ils ont
entendu
retentir la clochette suspendue au cou de sa bourrique prénommée
« Marion »… S'introduisant
soit par la cheminée, par une fenêtre entrouverte ou une porte
entrebâillée,
elle gratifie les enfants sages pour les encourager. Elle est aussi
armée de
verges pour corriger les paresseux ou désobéissants. Le lendemain, les
enfants
s'empressent d'aller voir si la fée leur a donné quelque chose, et
comme elle
est bien bonne, personne n'a été oublié, pas même les indociles et
paresseux. Tante
Arie est aussi la patronne des jeunes filles laborieuses, elle leur
apprend à
filer le lin et le chanvre. Le jour de Mardi-Gras, pour faire réfléchir
certaines jeunes filles paresseuses ou que l'amour détourne de leurs
fuseaux,
elle remplace la laine de leur quenouille par une détestable filasse
grisâtre. Sous
des déguisements divers, elle prend fréquemment plaisir à demander
l’hospitalité, non par curiosité ou besoin, mais pour mieux connaître
les gens
et encourager les ménages vertueux, travailleurs, soigneux et
charitables. Elle
observe les enfants, apparaît au milieu de leurs rêves pour les gronder
quand
ils ont été méchants, et les aider à corriger leurs défauts.
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