Nous avons grandi.
La famille s’est dispersée.
Ses membres se sont éloignés.
Mais avec le temps de Noël, nous nous ressouvenons des cousins et des
parents défunts, nous retrouvons leurs sourires, leur bienveillance et
leurs débords d’affection.
Car Noël est le temps magique qui relie les hommes, nous enracinant
dans une continuité en permanente renouvellement.
On aurait dit que Noël nous recrée, effaçant bien des traces, bien des
rancœurs dans nos cœurs, remet à neuf nos émotions et nous engage
au pardon.
Noël appelle la famille à se retrouver, à se réconcilier, à se réunir
dans la joie.
Noël appelle les hommes à la fraternité, à la paix et à l’espérance.
Evariste Zéphyrin
Noël de jadis...
Jadis aux Antilles, Noël n’affluait pas en cadeaux, la misère aidant
les moyens faisaient défaut, mais ce manque ou cette indigence
financière, se compensait par une ritualisation de la fête, qui ouvrait
sur des festivités, des rencontres, des veillées de cantiques, de
musique, de messes de l’Avent et de messes de Minuit.
La pauvreté généralisée de la population n’obérait point l’esprit
de Noël, elle renforçait les solidarités, soudait les individus dans
une destinée commune, forcissait les liens et les Noëls se déroulaient
dans la fraternité, l’échange et dans la convivialité.
Noël est un temps particulier, à son approchant, la lumière
déclinait, l’alizé fraîchissait, indiquant que décembre s’affirmait
dans
l’année, se posait comme le plus beau mois de l’an.
Décembre apportait des odeurs et des parfums, qui lui étaient propres.
Il ne les partageait avec nul autre mois, entre autres les punchs à
base d’écorces d’agrume, l’alexandra, le jambon de Noël caramélisé au
sucre de canne.
Décembre se parfumait des senteurs sortant des cuisines et des cours.
Des odeurs alléchantes montaient des marmites et des faitouts où
mitonnaient des soupes, ou les haricots consommaient doucement et
les viandes roussies cuisaient sur des feux au charbon de bois,
dégageant avec force, leurs arômes…
Noël était tendre et généreux, il abonnissait l’enfant,
l’émerveillait, nous étions dans l’attente, nous nous rêvions autre…
Tony
Mardaye
La brillance des lueurs
Comme il était beau le
temps de l’enfance, celui des insouciances dans cette enfance qui
semblait si injuste, faisant que l’enfant aspirait à en sortir, à
grandir et s’en affranchir. Mais avec les années s’écoulant
inexorablement et le temps passant naissent les regrets, la nostalgie
des années d’innocence.
Qu’ils sont loin aujourd’hui ces années de jadis, le temps s’est comme
accéléré pour éloigner ce temps de l’enfance, des câlins, des
embrassades maternelles et des attentions, nous voilà
prostré dans celui de l’indifférence et des impossibles.
Oh ! Comme je regrette le confinement enfantin de l’émerveillement, des
étincellements du sapin et des rêves de Père Noël.
Et me voilà à marcher sur les traces de mes années d’innocence, celui
du temps d’enfance.