Le
Noël du siècle de Louis Vuitton
En
cette fin d’année 2012, les Galeries Lafayette fêtent leur centenaire,
1912-2012, le siècle est franchi, pour
mettre à l’honneur son Noël du
siècle, les décorations des vitrines de Noël
de ce célèbre magasin sont signées Louis Vuitton.
La première vitrine sert de transition entre le Noël de Louis Vuitton et le
Noël du printemps Haussmann de Dior. Les vitrines animées de la célèbre enseigne de maroquinerie,
utilisent également des petites poupées
blanches, comme des éléments servant de
continuité visuelle avec les vitrines du Printemps Haussmann. Cependant, les poupées sont accompagnées d’animaux,
dans des décors de cabaret encore plus épurés que ceux de Dior, les murs des
décors Vuitton sont simplement tapissés d’un papier cadeau doré métallique aux
reliefs en forme de losanges.
Les petites poupées de Louis Vuitton se transforment en danseuses de cabaret,
elles s’attifent de tenues de majorettes, les pompons à la main, elles sont encadrées par des pyramides formées de sac et de valises voyages Louis Vuitton,
dont les dorures brillent tout autant, que le papier doré tapissant les murs de fond des vitrines.
La
forme pyramidale, rappelle les figures finales des « cheer
leaders », mais le « Noël du siècle » de Louis Vuitton, semble, de manière subtile, invoquer les
alignements des astres au-dessus des
trois pyramides de Gizeh, donnant lieux
à moult interprétations de fin ou de renouveau du monde.
Ces
majorettes jouent un rôle accessoire
dans les vitrines du « siècle de Louis Vuitton », elles ne sont
destinées qu’à valoriser les articles
du célèbre maroquinier. De surcroît, les personnages principaux des vitrines de Noël des Galeries Lafayette,
sont des animaux, un choix qui suscite d’emblée l’affection ou l’adhésion,
notamment les regards ourlés des
enfants.
Entre
deux pyramides de valises,
s’intercalent pêle-mêle sur un plateau tournant rond, une autruche chevauchée par un voyageur, un ours polaire aux allures « swaggy » avec son échappe Yves
Saint Laurent et son sac de sport, un chien à poil long, foulard en triangle noué autour du
coup, écouteurs tendance sur les
oreilles. Dans ce tableau, le chien est
immobile alors que ce sont les poupées qui bougent comme si elles recevaient la
musique des écouteurs.
Dans
une autre vitrine, c’est un panda qui effectue une acrobatie « break
dance », une discrète Rolex au poignet, conforme
au raffinement de la haute bourgeoisie française.
Ensuite,
une vitrine de Noël donne à voir, un
couple de flamands roses, portant un chapeau
à l’image de ceux portés par les des croisiéristes, les volatiles
effectuent un pas de deux, les pattes unies par un sac à main pailleté en guise
d’alliance.
La
seule exception dans ces compositions d’ensemble, est ce mannequin femme, qui porte un ensemble une robe longue droite et un pantalon rouge de Noël, sur fond de décor, un néon lumineux Louis
Vuitton.
La
mise est axée sur le registre animalier,
qui effectue également un rappel visuel avec le Noël hivernal de Dior,
entre autres, par la présence
d’animaux propre à l’hiver, tels l’ours
polaire, les pingouins "lookés" en voyageurs chic sac à main aux
pattes.
La
présence des animaux s’apparente à une incitation à l’évasion, à prendre ses valises vers des destinations de rêve,
vers les contrées lointaines, vers l’exotisme,
suivre le panda sur les routes orientales ou s’envoler avec les flamands roses.
Pour
toute escapade, il convient d’avoir en
sa possession son porte-feuilles, Louis
Vuitton les met aussi en vedette dans sa scénarisation des vitrines de Noël des
Galeries Lafayette.
Le clou du Noël de Louis Vuitton, une
malle énorme griffée du logo emblématique de la marque, en pièce maîtresse à
l’instar des robes de mariées clôturant les défilés de mode, cette malle
imposante est portée par de frêles et petites pattes de grenouilles, un
contraste visuel qui apporte la french touch à ce tableau final, jouant
sur un cliché faisant des français des
mangeurs de grenouilles.
Et
pour clore le « Noël du siècle » des Galeries Lafayette, Louis Vuitton avec ses mises en scène plus
minimalistes que les vitrines du Printemps Haussmann décorées par Dior, sont des invitations au voyage, quoi de plus normal pour une enseigne de maroquinerie.
Toute
simpliste qu’elle soit, la scénographie
de Louis Vuitton met en évidence le luxe à la
française : la sobriété et discrétion. Volonté ou pas peut être
d’incarner une forme de pudeur face à la conjoncture économique difficile.
Volonté sans doute, aussi de rappeler
que le code de valeur du raffinement est aux antipodes de la « bling
mania ».
Aussi,
pour fuir la morosité qui ternit le quotidien, il est particulièrement
tentant de se laisser séduire par cette invitation au voyage, à
l’exploration de certaines contrées du globe, le temps d’un instant,
vivons alors cet appel sous-jacent véhiculé par ce Noël du Siècle des
Galeries Lafayette.
Emmanuelle
Bramban
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