Pour les fêtes de fin d’années, à Paris, s’il y a bien
un classique tout aussi incontournable que les illuminations des Champs
Elysées, ce sont les décorations des Grands Magasins du boulevard
Haussmann.
L’an dernier, le principal animateur en était Chanel, cette année c’est
au tour des enseignes Dior et Louis Vuitton de prendre le relais de ce
rendez-vous couru des Parisiens et des touristes.
Vitrines de Noël Chanel 2011
Les petites poupées sont les éléments, autour desquelles, s’articulent
les différents tableaux, proposés par Dior, pour l’animation des
vitrines de Noël du Printemps Haussmann.
Le Noël de Dior, une exaltation de la fête du Paris hivernal
d’après-guerre.
Vitrines de Noël Chanel 2011
Pour le Noël 2011, si Chanel avait cherché à
nous éblouir avec des scénographies particulièrement étoffées où les
regards des spectateurs, des badauds avaient été transportés à
différentes époques, sillonnant les quatre coins du globe, sur la
thématique du voyage, pour le Noël 2012, Dior prend contre-pied
manifeste de Chanel. Les décors de Dior sont largement moins fournis,
moins denses, mais résolument plus épurés.
Pour les festivités de cette fin d’année 2012, Dior ne nous fait pas
parcourir la planète, mais le temps, il nous ancre, principalement,
dans le Paris juste après la seconde Guerre mondiale. Les vitrines
s’enjolivent avec des décors de boiseries sèches et dénudées, de
feuillages, de sols enneigés… les différents tableaux du Noël sont des
déclinaisons de la fête parisienne, des frairies de Noël, quoi de mieux
pour ces fêtes de fin d’années ?
La vêture des petites poupées et les tenues des mannequins, les mises
en scènes décoratives de cette enseigne, emblème du luxe français, sont
un clin d’œil à la collection Dior automne hiver 2012-2013, où après
l’ère John Galiano, la maison de haute couture à renoue avec ses
premières amours, remettant au goût du jour, son célèbre « New-Look »
d’après-guerre.
En effet, dans les vitrines du Printemps avec l’exposition du mythique
tailleur Bar, c’est un retour aux origines des collections Carolle et
des lignes H et A, inventrices de la mode New-Look, post seconde guerre
mondiale où dans le Paris exsangue au sortir de la guerre, le jeune
Christian Dior, se lançait dans la mode en frappant un grand coup, de
par son choix de « reféminiser » la femme, grâce à des lignes adoucies,
affinées, corsetées, des tailles de guêpe remises en vogue par des
tailles pincées de nouveau, des jupes interminables tombant en dessous
des genoux.
Avec ce retour vers les années 1947, les mannequins et les petites
poupées sont vêtues de pied en cape, du rouge de Noël, coloris que l’on
retrouve également dans les robes de bals, qui sont corsetées sur le
haut, dénudées sur les épaules, dont les jupes en A virevoltent
au-dessus des chevilles, à l’instar de celles portées par Brigitte
Bardot en 1950, cette fameuse jupe aux 40 mètres de tissu, comme celles
des femmes du XIXe siècle, véritable ode au romantisme féminin.
Ces jupes si amples, plissées, pour les tailleurs Bar et en corolle
pour les robes de soir, sont de véritables codes de rupture à
l’austérité, car avant la seconde guerre mondiale et surtout pendant la
guerre, les tenues des femmes étaient faites avec le strict nécessaire
de tissu, les jupes étaient courtes sans taille marquée, souvent
cousues dans les costumes de leurs époux, ces jupes Dior venaient en
contrepoint à cette période de vaches maigres, due à la guerre et à
l’occupation allemande, qui n’est pas sans rappeler les moments
difficiles que nous traversons actuellement, à cause de la crise
économique.
Cette volonté de faste et d’opulence, se retrouve dans la robe du soir
longue droite en strass et dorure du tableau du sapin de Noël doré, un
élément de la féerie de Noël de Dior.
Si dans les premières scènes le sapin est conventionnel, car destiné
aux enfants, en revanche le sapin en plateaux dorés de Dior, est un
sapin de Noël pour grands, bien plus en accords avec les célébrations
du nouvel an, car comportant tous les éléments du chic et du raffiné
nécessaires à ces festivités, de la porcelaine fine des grandes
occasions, aux accessoires du prêt à porter en passant par le parfum
Dior, of course !
La magie de Noël de Dior, emprunte les chemins de la fête, une
thématique qui prend dans certaines vitrines des allures de kermesse,
dans l’une, on trouve un carrousel, une grande roue scintillante, des
envolées de montgolfière de femmes modernes en tailleur New-Look
rouges, et d’une balade en calèche non attelée, mais entourée de deux
licornes, une invitation à l’imaginaire, plongeant ou replongeant
toutes les âmes en enfance.
La fête se décline aussi en bal de Noël, bal populaire où les
participantes, ces petites poupées blanches habillées de robes du soir
rouges, grises ou noires, accessoirisées par le port de loup pailleté
de colombine, tournoyant au son d’une musique de jazz, qui provient
d’un kiosque où un orchestre composé de deux contrebasses semble jouer.
Si les animations de Dior donnent la prééminence aux femmes,
symboliquement « l’homme Dior » est valorisé aux travers des
accessoires formant le décor, des formes phalliques à l’architecture
métallique de gare typique du Paris de l’ère industrielle, rehaussée
par l’éclat des lustres baroques et les fleurs de lys des poutres.
En revanche, si les mises en scènes par Dior des vitrines de Noël du
Printemps versent dans la simplicité par rapport à l’édition du Noël
précédent, cependant, elles semblent en parfait accord avec notre monde
en crises.
En tout cas, tout ce luxe dans les vitrines du Printemps Haussmann,
laisse à rêver, qu’il y a une aspiration comme lors de l’après-guerre à
rompre avec le cycle de la privation et de l’austérité, remise à
l’ordre du jour par la crise de la dette.
Des vitrines de Noël ancrées dans le passé, se voulant une exaltation à
la modernité, comme dans le Paris hivernal des années 50, se faire le «
casseur de l’austérité » apporter de la joie et de la gaieté, grâce à
la mode, renouant avec des valeurs romantiques, replacer la femme dans
sa féminité en jouant à la fois dans l’opulence et l’étroitesse de
tissus pigeonnant, une révolution par le glammour.