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A Noël le cochon est sacrifié, l’oie l'est aussi
Lors des fêtes de Noël,
dans bon nombre de pays le cochon est de la fête, le jambon, le boudin,
les pâtés… Je me suis souvent demandé pourquoi est-ce le porc qui était
principalement sacrifié à cette période, car il s’agit de toute
évidence un rite ancien auquel l’Europe s’adonne, alors d’où provient
cette pratique et en l’honneur de quel dieu païen est-il dédié ? Dans son
ouvrage les dieux de Babylone, Alexandre Hislop (1)
nous apporte semble-t-il un début de réponse.
« Dans bien des pays,
on sacrifiait au
dieu un sanglier pour expier l'injure que, d'après la légende, un
sanglier lui
avait faite. Suivant une version de l'histoire de la mort d'Adonis, ou
Tammuz,
ce dieu mourut de la blessure faite par la dent d'un sanglier. La fable
raconte
que le Phrygien Attes, le bien-aimé de Cybèle, dont l'histoire était
identifiée
à celle d'Adonis, mourut de la même manière. Aussi Diane qui,
représentée
ordinairement dans les mythes populaires comme une chasseresse, était
en
réalité la grande mère des dieux, a-t-elle souvent près d'elle une tête
de
sanglier, non pas en signe d'une chasse heureuse, mais bien de
triomphe, sur le
grand ennemi du système idolâtre dans lequel elle occupait une place si
importante. D'après Théocrite, Vénus se réconcilia avec le sanglier qui
tua
Adonis, parce que le jour où on l'amena enchaîné à ses pieds, il se
défendit
éloquemment, en disant qu'il n'avait point tué son époux par
méchanceté, mais
simplement par accident. Cependant, en souvenir de la mort causée par
le
sanglier du mythe, plus d'un sanglier perdit sa tête ou fut offert en
sacrifice
à la déesse irritée. Smith nous représente Diane avec une tête de
sanglier
auprès d'elle, au haut d'un monceau de pierre, dans la gravure
ci-contre où
l'on représente l'empereur Trajan brûlant de l'encens à cette même
déesse, et
où la tête du sanglier est très apparente. Le jour de Noël, les Saxons
du
continent offraient un sanglier en sacrifice au soleil pour se rendre
propice
cette déesse, à cause de la perte de son bien-aimé Adonis. À Rome il y
avait
une coutume semblable; le sanglier formait le centre principal de la
fête de
Saturne.
C'est pour cela que la
tête du sanglier est
encore un plat important en Angleterre aux dîners de Noël, alors que la
raison
en est depuis longtemps oubliée. Bien plus, l'oie de Noël et les
gâteaux de
Yule, étaient des articles essentiels du culte du Messie Babylonien,
tel qu'il
était pratiqué en Égypte et à Rome. Wilkinson, parlant de l'Égypte,
nous
apprend que l'offrande préféré d'Osiris était une oie, et de plus que
l'oie ne
pouvait se manger que dans le coeur de l'hiver. À Rome, nous dit
Juvénal, si
l'on offensait Osiris, on ne pouvait l'apaiser que par une belle oie et
un
gâteau mince.
Dans bien des pays, nous
en avons la preuve,
l'oie avait un caractère sacré. On sait fort bien que le Capitole de
Rome fut
sauvé, au moment où les Gaulois allaient le prendre au milieu de la
nuit, par
les cris des oies sacrées de Junon qu'on gardait dans le temple de
Jupiter. Dans
l'Inde, l'oie occupait une position semblable; ou des oies consacrées à
ce
dieu. Enfin les monuments de Babylone nous apprennent que l'oie avait
en
Chaldée un caractère mystique, et qu'on l'y offrait en sacrifice aussi
bien
qu'à Rome ou en Égypte, car on y voit le prêtre tenant dans une main
une oie,
et dans l'autre son couteau de sacrifice. Il n'y a donc pas à douter
que la
fête païenne du solstice d'hiver, en d'autres termes, Noël, ne fût
observée en
l'honneur du Messie Babylonien. »
1) Les
Deux Babylones, Alexandre
Hislop, Librairie
Éditions Fischbacher, 1972
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