Noël à Madagascar
A Madagascar, pour Noël, il n’y a pas de neige, ni de
traîneau, ni de sapin avec des guirlandes !
D’ailleurs, à Bethléem, pour la naissance de Jésus, il n’y
avait pas non plus de neige, ni de traîneau, ni de sapin décoré, ni de
jouets !
Et même, Marie et Joseph arrivant de la lointaine province
de Galilée, avec un âne, ont eu de la peine à trouver un logement pour la
naissance de Jésus qui était imminente !
Justement, à Mananjary [1],
dans le Sud Est de Madagascar, entre la mer et la forêt tropicale, les familles
ont aussi quelquefois de la peine à trouver un logement.
Pensez donc ! Beaucoup de familles habitent en forêt
et les enfants doivent faire plusieurs heures de marche pour venir à l’école de
la ville. (Il n’y a évidemment pas de cars pour le transport scolaire, et ce
n’est pas la faute de la neige !).
Plusieurs heures de marche !!!
Les enfants ne rentrent donc pas à la maison le soir en
sortant de l’école ; ils doivent trouver un logement pour la semaine, et
ne rentrent chez eux qu’en week-end.
Mais trouver un logement quand on est pauvre, ce n’est pas facile !
Demandez donc à Marie et Joseph ! Et encore il faut se nourrir !
Alors, à Mananjary un vieux pasteur a eu une idée :
il a ouvert un foyer dans lequel sa famille accueille les enfants pauvres de la
forêt qui viennent étudier en ville. Il a appelé cette maison Akany fanantenana ;
c’est-à-dire, en malgache, le
foyer de l’espérance.
Ce vieux pasteur s’appelle Elia
ROZY [2]
; Elia,
comme le nom du grand prophète de l’Ancien Testament, qui a redonné de
l’espérance à une femme veuve et à son enfant, alors qu’ils n’avaient plus de
quoi manger, juste un peu de farine et un peu d’huile !
Alors Elia ROZY, dans son "foyer de
l’espérance" accueille les enfants pauvres qui viennent de la forêt pour aller
à l’école. Et il accueille aussi quelques orphelins, mais en plus, ce qui est
extraordinaire, des enfants jumeaux abandonnés !
Il y a en effet une tradition terrible dans cette région du Sud Est de Madagascar,
dont les habitants sont des Antambahoaka [3] : les enfants jumeaux sont
considérés comme une malédiction, et on doit les tuer en les plaçant dès leur naissance,
sur le chemin de passage des bœufs !
Terrible !
D’où vient cette tradition ??
On raconte que l’ancêtre des Antambahoaka, lorsqu’il est
arrivé dans l’île, avait une femme qui attendait des jumeaux, et cette femme
est morte à leur naissance ! On a donc considéré que c’était une
malédiction. On peut aussi penser, tout simplement, que dans une famille
pauvre, l’arrivée de deux bébés en même temps est presque une
catastrophe !
Bref, le Pasteur Elia
ROZY, dans son "foyer de l’espérance", accueille des enfants pauvres, des
orphelins et parfois des jumeaux qui ont échappé aux bœufs.
Nous voici donc arrivés à Noël.
Presque tous les enfants sont repartis dans leurs familles
en forêts, pour les vacances scolaires.
Il ne reste que la famille propre du Pasteur Elia ROZY, et un enfant
abandonné : Andry [4] ;
il avait un frère jumeau, mais celui-ci est mort lors du passage des
bœufs !
Andry a échappé à la mort, et il a été recueilli par le
pasteur. Mais maintenant il se sent tout seul dans la famille du Pasteur Elia
ROZY ; son frère lui manque, même s’il ne s’en souvient pas.
Nous voici donc arrivés à Noël, et pour faire plaisir aux
enfants le Pasteur Elia ROZY leur a préparé quelques
friandises, du riz au lait avec du miel, des litchis, et quelques jouets :
une petite voiture fabriquée avec de la tôle récupérée d’une boite de
conserves...
Cela fait très plaisir à Andry, mais il reste triste.
Ce qu’il voudrait, lui, c’est un papa, une vraie maman et un petit frère.
La soirée de Noël se passe en chantant quelques cantiques, mais le cœur n’y est
pas !
Tout à coup, au milieu de la nuit, on entend crier et
frapper ! Quelqu’un arrive !
On va voir, car on ne laisse pas quelqu’un dehors au
milieu de la nuit !
Et voici deux "blancs" des vazaha [5] (nom donné aux étrangers blancs) qui
cherchent le foyer Akany
fanantenana. Ils ont été envoyés par l’association française de LA
CAUSE association qui
parraine des enfants pauvres et proposent des adoptions d’orphelins.
Ils sont arrivés la veille par avion à Tananarive, et ont pris aussitôt un taxi
– brousse.
Mais la route est longue jusqu’à MANANJARY ; il faut
toute une journée, et en plus la voiture a crevé ! Bref, ils arrivent à
MANANJARY au milieu de la nuit ! Et le foyer est difficile à
trouver : la nuit il n’y a plus personne dans les rues ; pas de nom
de rue et pas de N° ! Il est compliqué de se retrouver dans la ville,
entre la mer, le canal et la rivière !
Voici donc ce couple qui arrive au foyer de
l’espérance ! Le prophète Elie - pardon ! Le pasteur Elia
ROZY – savait que ce couple allait venir adopter Andry. L’association LA CAUSE
le lui avait dit ! Mais tant que ce couple n’était pas arrivé, on ne
voulait rien dire ; on ne sait jamais !
« Entrez ! Entrez ! Tonga soa [6] (=
bienvenue). Avez-vous fait bonne route ? On ne vous attendait plus à cette
heure ! Venez prendre quelque chose : un peu de riz au miel, du café
…
- Ah ! J’oubliai l’essentiel : voici Andry !
- Andry ! Voici ceux qui seront maintenant ton papa et ta maman !
- Ah ! mais vous avez avec vous un autre enfant !?
- Oui, nous sommes venus avec le premier fils que nous avons accueilli : il s’appelle Emmanuel [7].
Andry est complètement bouleversé !
Depuis si longtemps qu’il attendait !
Il n’en croit pas ses yeux ni ses oreilles ! Il saute de joie !
Il va avoir maintenant, comme tous les enfants, un papa,
une maman, et surtout un frère qui pourra toujours l’accompagner et le défendre
en cas de besoin, car il s’appelle Emmanuel,
ce qui veut dire Dieu
avec nous !
Qui sont les deux parents adoptants ?
J’ai oublié leur nom, mais ce pourrait être chacun de
vous, lorsque vous accueillez un enfant.
JCL
[1] Indications de prononciation : En général, l’accent est sur l’avant dernière syllabe : on dit donc ‘Mananjar’ .
[2] Elia ROzy.
[3] Se dit Antambahok.
[4] Se dit Andj.
[5] Se dit Vaza.
[6] Se dit Tounga sou.
[7] Emmanuel se prononce comme ça s’écrit !!!
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