Des sapins
artificielsapparaissent ici et là,
décorés de guirlandes ayant
servi les années précédentes, et surmontés d’une étoileen fil de fer.
Dans les
résidences de Miramar et dans les halls des grands hôtels, il en va autrement,
ce sont de superbes sapins de Noël parfaitement décorés qui trônent et
scintillent de mille feux.
Dans une rue de
Nuevo Vedado, on a l’impression que les habitants sont en compétition, c’est à
celui de mettre sur les grilles de leur balcon ou les clôtures de leur jardin
les ornements et les décorations de Noël, les plus lumineuses, les plus
brillantes, les plus ostentatoires.
Mais de nombreuses
maisons, des milliers de maisons se détournent de la fête de Noël, pas l’ombre
d’une décoration, pas une guirlande pour rappeler Noël.
Les raisons sont
sans doute multiples, l’athéisme,le
manque de revenus ou simplementpar
apathie pour cette célébration de Noël, dont bon nombre de gens ne voit pas
l’intérêt.
Toutefois, les
travailleurs indépendants ou les commerçants, se sont appropriés les fêtes de
Noël. De nombreuses petites échoppes, de petits restaurants, de quincailleries
qui vendent des babioles, voire dans les restaurants de la Havane, un effort a
été fait pour décorer les murs de ces commerces d’images du Père Noël, de
boules de cristal, de fleurs d’un rouge vif et de lumignons ou de
guirlandesélectriques.
Une explosion de
couleurs,une ribambelle de chants de
Noël est proposéeaux clients ou aux
regards des passants, qui s’opposent à la morosité et à la tristesse des espaces publics. C’est
comme sil’excès de décors et d’ornementsétait une volonté de se démarquer des lieux
et espaces gérés par l’état cubain.
De là aujourd’hui
à voir dans ces excès visuels, une réponse populaire à tous ces réveillons de
Noël du passé, qui devaient se tenir en cachette, à voix basse voir évités, car
posséder un sapin de Noël ou une crèche pouvait vous valoir des ennuis sous le
régime castriste, car constituant une preuve de : « déviationnisme
idéologique ».
On garde aussi le
souvenir d’une circulaire signée par José Ramon Machado, aujourd’hui vice-président,
qui interdisait les arbres de Noël dans les lieux publics.
Le régime tentait
de réglementer la manière dont les habitants devaient terminer l’année.
Alors, il faut
croire que les excès et les interdictions d’hier ont conduit à l’exubérance
d’aujourd’hui.
De plus en plus
nombreux sont ceux, qui veulent afficher dans leur salon, l’image de la Vierge
tenant l’enfant Jésus dans ses bras ou installer une crèche chez eux, quoique
ne sachant s’il faille mettre du foin ou de la neige autour de l’étable où
naquit Jésus.
Les Cubains ont en
mémoire tellement de décembre incertain alimenté de : « on ne peut
pas » et des « oui on peut » qui sans doute contribuent à cette
frénésie de Noël.
De nos jours, ils sont peu nombreux à vouloir laisser les guirlandes
dans leurs boîtes ou l’étoile de fer à cinq branches dormir dans un tiroir.