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Papa
Noël descendra-t-il encore du ciel ?
Noël n’est plus Noël...
Parce que les enfants ne croient plus au père Noël, parce qu’il n’y a plus
d’enfants. D’ailleurs, ce bon vieux papa y a même perdu son latin. Déjà qu’il
ne descend plus ni du ciel ni de la cheminée. Et depuis un moment déjà, il ne
reçoit même plus de lettres bourrées de fautes d’orthographe mais griffonnées
avec ô combien d’amour. Il reçoit des SMS et des courriers électroniques
« préfabriqués ». Il ne connaît pas ce langage. Il n’y a plus
d’enfants. Parce qu’on veut les voir grandir trop vite, parce qu’on veut en
faire de petits « savants » avant le temps.
De grâce, Noël leur appartient d’abord. Redonnons
cette fête à nos petits et laissons-les rêver à nouveau au père Noël.
Laissons-le venir de nuit déposer ses menus cadeaux
et autres présents au pied de l’arbre et jouissons du regard émerveillé de nos
bambins face à la magie du mystère. Débarrassons nos rues et nos centres
commerciaux de ses innombrables clones.
Le gros bonhomme à la barbe blanche fait travailler
l’imagination des enfants. Ils se le représentent s’occupant de ses rênes au
pôle Nord, volant à travers le ciel, se glissant dans les cheminées...
Parfois, nos chérubins participent eux-mêmes à ce conte en adoptant le rôle du
renne au nez rouge ou celui de la mère Noël par exemple. Cette légende accroît
le développement cognitif des petits. Les histoires fantastiques stimulent
l’imagination qui à son tour génère la créativité.
Le mythe du père Noël appartient à la catégorie des
pieux mensonges. Lorsque les enfants apprennent la vérité (vers l’âge de 8 ans
environ selon certaines statistiques), ils sont en principe en âge de
comprendre la différence entre un « bon » et un « mauvais »
mensonge. Si bien qu’ils n’en veulent pas à leurs parents. Il est même possible
de dire la vérité aux enfants de façon positive : il faut juste leur
fournir les outils pour qu’ils le devinent eux-mêmes. S’ils demandent de but en
blanc si le père Noël existe vraiment, il suffit de leur renvoyer la question.
Et toi, tu en penses quoi ? Tu te dis qu’il n’existe pas ? Pourquoi ? Petit à
petit, on dévoile le mystère car s’ils s’interrogent, c’est qu’ils sont sans
doute prêts à apprendre la vérité.
En attendant, ce sont les adultes que nous sommes
qui se sont « approprié » la fête. Bonjour les dégâts et...
l’écœurement. Existe-t-il un terme qui dit mieux ce à quoi nous sommes parvenus
aujourd’hui ? D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement avec la
pléthore d’artifices dont on a truffé ces fêtes de fin d’année ? Sans compter
les commerçants qui nous bassinent les oreilles avec des cantiques de Noël
« refaits » en version numérisée, et ce dès le mois de novembre.
C’est un peu long quand même... jusqu’au 6 janvier de la nouvelle année. Et les
supermarchés s’y sont mis eux aussi. Comme on y va assez souvent, ça fait
beaucoup. S’il s’agit de marketing, le moins que l’on puisse dire, c’est :
« Tout bonnement raté. »
Mais passons aux choses sérieuses. Entre la
surabondance de décorations qui envahissent, c’est peu dire, nos intérieurs
jusqu’au dégoût, la profusion de mets (un gavage sans répit 48 heures durant et
rebelote pour la Saint-Sylvestre), le surplus de cadeaux choisis, il faut bien
le dire, à la hâte, et qui finiront le plus souvent d’où ils sont partis :
rendus, échangés, en attendant d’être vendus sur Internet comme ce fut le cas,
dit-on, cette année en France.
Et, cerise sur le gâteau : les sempiternelles
réunions de famille qui n’auraient probablement pas lieu s’il n’y avait ce
réveillon, devenu forcé et obligatoire. Joyeux Noël ! Joyeux Noël ! Joyeux Noël
! À la cantonade. Et une semaine plus tard : bonne année ! Bonne année !
Bonne année ! Des réunions de famille où il n’y a plus d’enfants.
D’antan, on envoyait ses cartes de vœux à la
mi-novembre pour s’assurer que ses souhaits arriveraient à temps. Quant à
celles que l’on recevait, on les disposait toutes autour de l’arbre ou près de
la crèche. Mais l’ère du numérique a tout chamboulé. Exit les cartes de vœux !
Aujourd’hui, on se contente de trouver le bon site Web avec une longue liste de
phrases toutes faites, stéréotypées, sur le thème de Noël, et on les envoie en
un seul clic à toute sa liste de contacts, la veille de Noël. Commode ? Rapide
? Efficace? Peut-être, mais impersonnel à souhait.
Ras-le-bol ? Oui,
mais on recommence tous les ans. On joue le jeu comme s’il n’y avait aucun
moyen d’y échapper.
Un petit espoir de
changement se profile à l’horizon. On croit rêver. Des enfants venus d’un monde
meilleur réclameraient à cor et à cri un Noël comme au bon vieux temps, un Noël
réunissant papy, mammy, papa, maman et les enfants. Point barre.
Marianne SARADAR BARAKAT
03/01/2013
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