Je
garde un souvenir ému de ce quartier et de ce grand magasin parisien, car il me
ramène à mon enfance, notamment à ma tante, qui fut pour moi comme une seconde
mère.
La Samaritaine se trouvait sur son trajet domicile-travail, tous les soirs et
tous les matins en venant de la rue Paul Barruel (15 eme), elle passait devant
la Samaritaine pour se rendre à la rue Turbigot.
Le matin en sortant du travail, elle arrêtait sa R16 jaune devant un kiosque à
journaux, pour acheter le France-Soir, et quelques BD adultes, dont Maghella,
Jacula, Zara la vampire, Luciféra, Prolo, que je lisais en cachette dès qu’elle
avait le dos tourné.
J’aimais bien Prolo, outre le caractère pornographique de la bande
dessinée, je trouvais que les
personnages reflétaient le monde qui
m'entourait, des gens que nous pouvions voir autour de nous, le
peuple des ouvriers, des prolétaires, des employés de Renault, de Peugeot, la
CGT, les grèves, l'usine, cette BD était une véritable fresque
sociologique.
J’aimais
lire aussi Maghella qui offrait des aventures dans un monde féerique, peuplé de nains, de sorcières, de moines
libidineux, de princes, de champignons phalliques, un univers totalement
fantasmagorique qui permettait à
l'imaginaire de vagabonder.
Puis nous eûmes sur les écrans de l’ORTF des publicités de la Samaritaine, nous en fûmes imprégnés. Les
pubs de ce grand magasin étaient de véritables courts-métrages, nous retenons
entre autres ce slogan des années 70 qui
disait :"On trouve tout à la Samaritaine." Il faut dire
qu'à cette époque les publicités de ce magasin décoiffaient, encore en mémoire
le remake de King Kong qui s'en va à la Samaritaine chercher sa blonde.
Ce
magasin jadis populaire, fut dans le coeur des Parisiens, mais
progressivement a perdu de son éclat et son intérêt, attirant surtout
des touristes japonais et des personnes des classes aisées.
De nos jours, la Samaritaine est fermée pour rénovation, elle devrait réouvrir ses portes en 2014
ou 2016.
Une photographie qui circule sur Facebook montrant la Samaritaine en décembre 1964, sur la photo : « un vieux bus sur la ligne 24, des voitures des années 50 et 60,
une déco de Noël avec Pif le chien, et un magasin devenu mythique, la
Samaritaine. En dessous de « Joyeux Noël », on relèvera cette déclaration : «
Mesdames, ce magasin est le vôtre. »
Pour ceux qui ont connu cette époque,
sans doute seront-ils envahis par la nostalgie, pour les autres, ils peuvent
qu’imaginer cette période des Trente Glorieuses, riche sur de nombreux
plans, tant sur la liberté que de la créativité.