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Le père Noël de George Sand
« Ce que je me rappelle parfaitement, c'est la croyance absolue
que j'avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël, bon
vieillard à barbe blanche qui, à l'heure de
minuit, devait venir déposer dans mon petit soulier un cadeau que j'y
trouverais à mon réveil. Minuit ! cette heure fantastique que les enfants ne
connaissent point, et qu'on leur montre comme le terme impossible de leur
veillée ! Quels efforts incroyables je faisais pour ne pas m'endormir avant
l'apparition du petit vieux ! J'avais à la fois grande envie et grand'peur de
le voir ; mais jamais je ne pouvais me tenir éveillée jusque-là, et le
lendemain mon premier regard était pour mon soulier au bord de l'âtre. Quelle
émotion me causait l'enveloppe de papier blanc ! car le père Noël était d'une propreté
extrême, et ne manquait jamais d'empaqueter soigneusement son offrande. Je
courais, pieds nus, m'emparer de mon trésor. Ce n'était jamais un don bien
magnifique, car nous n'étions pas riches. C'était un petit gâteau, une orange,
ou tout simplement une belle pomme rouge. Mais cela me semblait si précieux,
que j'osais à peine le manger.
L'imagination jouait encore là son rôle, et c'est
toute la vie de l'enfant. »
* George Sand, de son vrai nom Aurore Dupin, est née le
1er juillet 1804. Dans l'Histoire de ma vie, elle raconte le père Noël de son
enfance. C'est l'un des premiers textes qui évoque le père Noël en France.
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