L'air est glacé, mais la nuit
est sereine,
Les astres clairs nagent en un ciel pur ;
J'entends gémir les eaux de la fontaine ;
Le firmament étale son azur.
L'airain battu d'un coup triste
et sonore
Seul a troublé le repos de la nuit.
Il est une heure, et moi je veille encore ;
Je veille seul, et le repos me fuit.
Oh ! Que de fois le silence
nocturne
Prêta son calme à mes songes divers !
Oh ! Que de fois ma lampe taciturne
M'a vu rêver, lire, tracer des vers !
Nuit de Noël, derniers jours de
l'année,
Oh ! Que de jeux, de paix et de plaisirs
Vous rappelez à mon âme fanée !
Et tout a fui sous de nouveaux désirs !
Comme d'un rêve aussi doux que
rapide,
Il me souvient de ce bonheur passé.
Bonheur d'enfance, imprévoyant, avide,
Que la raison a si vite effacé...
Il me souvient de ces cadeaux
magiques
À mon réveil offerts dès le matin,
Et du foyer, et des plombs fantastiques,
Dont les contours présageaient le destin.
Me disaient-ils que je serais
poète,
Victime, hélas ! des désirs de mon coeur ?
Que le chagrin ferait courber ma tête,
Et que jamais je n'en serais vainqueur ?...
Déjà la cloche a répété quatre
heures ;
Je veille encor, je veille pour chanter.
Un bruit soudain ébranle nos demeures ;
Quelle douceur je trouve à l'écouter!
Quels sons divins, quelle
auguste harmonie
L'airain du temple exhale dans les airs !
Comme l'espoir, mon âme rajeunie
Entend vibrer les célestes concerts.
Nuit de Noël, nuit de paix et
de joie,
C'est dans ton sein qu'un Sauveur nous est né.
Le coeur soumis qui marche dans ta voie,
Humble et joyeux, n'est pas abandonné.
Ô mon
Sauveur, viens éclairer ma route !
Viens me couvrir des ailes de la foi !
Ouvre mon âme et dissipe mon doute ;
Viens, je t'attends et je me livre à toi.
Jacques-Imbert Galloix
(1808-1828)
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