|
L'arbre de Noël
D'origine alsacienne. Il figurait dans les mystères représentés le long
du Rhin. La coutume de son illumination remonte peut-être à un usage dont on
retrouve la trace dans un roman du treizième siècle : Durmarl le Gallois. Le
héros, Parsifal, admire un arbre étincelant de petites flammes : c'est l'arbre
de la science du bien et du mal.
Le sapin, consacré arbre de Noël, apparaît à Strasbourg en 1605
Boulaya d'Arnaud andré, santons et traditions de Noël en Provence,
Tacussel, editeur, 1979 ;
Le sapin de Noël
S'il est clair que la coutume du sapin de Noël moderne remonte à la Renaissance dans les pays germaniques (attestation
au XVe siècle dans les cérémonies de fin d'année des guildes
germaniques et livoniennes, Riga prétend officiellement qu'a été érigé
et décoré le premier arbre de Noël dans sa cité en 1510), il existe un certain nombre de théories qui spéculent quant à son origine plus lointaine.
L'image de l'arbre comme symbole de renouveau de la vie est un thème
traditionnel païen qui se retrouve dans le monde antique et médiéval (voir notamment le culte idolâtrique et les nombreuses mythologies liées à l'Arbre du Monde)
avant que ce symbole soit assimilé par le christianisme. Le sapin et
l'épicéa, conifères à feuilles persistantes, rappellent depuis
longtemps ce symbolisme de la renaissance lors du solstice d'hiver,
comme en attestent les gravures rupestres dans les régions scandinaves.
Selon l'Encyclopædia Britannica,
l'utilisation d'arbres à feuilles persistantes, de couronnes et de
guirlandes pour symboliser la vie éternelle est une coutume antique
chez les Égyptiens, Chinois et Hébreux. Le culte des arbres est courant
dans l'Europe païenne et survit à sa conversion au christianisme dans
les coutumes scandinaves où persiste la tradition lors des fêtes
d'hiver de Yule de décorer la maison et la grange avec des conifères
auxquels on attache des torches et des rubans de couleur ou de
suspendre des branches de sapin dans la maison pour chasser les mauvais
esprits.
D'autres théories lui attribuent une origine chrétienne en Gaule. La
coutume du sapin décoré remonterait au missionnaire saint Colomban qui
fonde en 590 le monastère de Luxeuil au pied des Vosges. Un soir de
Noël, il emmène avec lui quelques-uns de ses religieux jusqu’au sommet
de la montagne où préside un antique sapin, objet de culte païen. Les
moines accrochent à l’arbre leurs lanternes et leurs torches et
dessinent une croix lumineuse au sommet. Cet acte syncrétique permet à
saint Colomban de raconter les merveilles de la naissance de Jésus aux
paysans accourus voir ce spectacle et d'en convertir plusieurs, lançant
la coutume d’installer chaque année des sapins illuminés. Cependant
aucune tradition écrite ne relate cette histoire à cette époque où
l’arbre symbolique par excellence dans les forêts druidiques est le
chêne, l'épicéa étant également chez les Celtes l’arbre de
l’enfantement : associé au 24 décembre, il est décoré lors des rites du
solstice d'hiver de fruits, de fleurs et de blé. Une autre légende du
VIIIe siècle est l'histoire du chêne de Thor de Boniface de Mayencequi
illustre bien la confrontation entre le chêne païen et le sapin
chrétien. La forme conique du sapin permet à l'« apôtre de l'Allemagne
» d'enseigner la notion de Trinité .
Cette influence chrétienne se retrouve au Moyen Âge dans lesmystères
qui ont notamment pour décor un arbre de Noël (symbolisant l'arbre du
paradis) garni de pommes rouges (elles représentent le fruit défendu),
d'oublies (ils représentent les hosties de l'Eucharistie) et au sommet
l'Étoile de Bethléem à partir du XIVe siècle. Après la Réforme
protestante, cet arbre du paradis est installé dans les foyers des
familles bourgeoises protestantes (les familles catholiques se
différenciant quant à elles avec leur crèche de Noël), les pommes étant
remplacées par des objets ronds comme des boules rouges brillantes.
Cette tradition protestante scandinave et germanique se répand dans les
villes comme dans les campagnes (les bougies en cire décorant alors les
sapins étant encore onéreux) surtout auxviiie siècle, elle est
néanmoins mentionnée pour la première fois en France à Sélestat, en
1521, dans un livre de compte de la ville : la décoration des maisons
se fait alors non pas avec le sapin entier mais avec des branches
coupées 3 jours avant Noël. En France, cette tradition se limite alors
dans l'Alsace protestante qui utilise le sapin entier en décor à partir
du xviie siècle. Les Alsaciens apportent la tradition du sapin de Noël
dans l'hexagone en s’expatriant après la guerre de 1870.
L'arbre de Noël devient une tradition profondément enracinée en
Allemagne qu'à partir du xixe siècle (aussi bien dans les familles
protestantes que catholiques), des colons allemands l'ayant exporté en
Amérique du Nord au début du xviie siècle7. Il est à la même période
progressivement adopté par la noblesse européenne : la princesse
Henriette de Nassau-Weilburg (en) introduit l'arbre de Noël à la Cour
de Vienne en 1816, la duchesse d'Orléans, d'origine allemande, à la
Cour de France en 1837.
|
A Bellinzona (Suisse) dans le quartier historique la vitrine d'un fleuriste.
|
|