Le Noël de la crèche
Je vois une certaine distance se
creuser entre le Noël des jouets et le Noël de la crèche.
Sans doute les jouets de Noël
sont-ils le symbole de la joie offerte aux enfants, des photos avec le Père
Noël, du plaisir de la fête en famille, de la tradition ancestrale. Des choses
qui comptent, assurément.
Pourtant, même s’il implique des
heures de préparation, des dépenses exceptionnelles, des cris et des rires, le
Noël des jouets ne peut faire oublier le Noël de la crèche.
Passer à côté du Noël de la crèche,
c’est se priver d’une belle émotion, c’est ne pas saisir toute la beauté de la
Fête de la Nativité. La crèche, c’est en effet l’espoir, c’est la sérénité,
c’est l’amour. Et, en ces jours de décembre, plus que jamais nous avons besoin
d’espoir, de sérénité et d’amour.
Noël est l’annonce d’un grand
changement dans la vie des hommes. Quand le malheur nous atteint, quand le
désespoir nous guette, quand le moral s’affaisse, Noël nous dit qu’une ère nouvelle
va s’ouvrir. Dans ces temps de crise et de doute, la certitude d’un avenir
meilleur fait chaud au cœur. Il ne peut en être autrement. Car, en dépit de
toutes les chutes, de toutes les haines, de toutes les guerres, la paix règnera
sur la terre, grâce aux hommes et aux femmes de bonne volonté. Il ne faut
jamais désespérer du genre humain. Certes, son salut n’est pas collectif, mais
il se trouve toujours assez de personnes de qualité et de foi pour remonter la
pente. La crèche est l’étable de la promesse. La promes se sera tenue.
Au besoin d’espoir fait écho le
besoin de sérénité. Laissons de côté les bruits de l’actualité, dont les médias
nous rebattent les oreilles. Bien que nous soyons proches de décisions
importantes à tous les niveaux, sachons prendre du recul, et faire la part du
contingent et de l’éternel. Sachons nous arrêter un temps.
Il faut calmer les trépidations du
quotidien, et se donner quelques jours pour revenir aux choses
essentielles : ce que nous croyons, ceux que nous aimons. Nos valeurs, nos
sentiments.
"Ce que nous croyons, ceux que nous aimons"
Nous roulons à une telle vitesse que
nous ne savons plus regarder le paysage, nous sommes sur des rails entourés de
murs sans relief, allant jusqu’à l’indifférence.
La crèche est au calme. Elle offre le
spectacle d’une vie tranquille, au ralenti. On peut deviner le bruit de la
meule du « rémoulaïre », on peut se reposer comme le berger sur son
bâton, ou s’avancer lentement comme l’aveugle et son fils. Tous ces santons
sont paisibles, reposés et reposants. Regardons-les, paisiblement : la
sérénité nous envahira.
Ils sont si divers, tous ces
personnages. La crèche de Noël c’est la rencontre entre des gens de toutes
origines ; le bohémien, l’arlésienne, le vieux avec sa canne, le couple de
jeunes mariés. Quelque chose les a attirés, en commun. Bientôt ils seront
rejoints par des rois mages venus de tous les continents, de toutes les races.
Devant la crèche il n’y a plus de différence, il y a simplement de la
diversité. Car la crèche rappelle l’égalité en dignité de tous les êtres
humains. Autour de la crèche les gens se rencontrent dans l’amour commun.
"Noël : aller vers les autres, avec les autres"
Il est bon à ce point de rappeler que
Noël est une fête chrétienne, et que pour les Chrétiens le message de l’enfant
Jésus qui deviendra le Christ Rédempteur est un message d’amour :
« Aimez vous les uns les autres comme Je vous ai aimés ». Je ne pense
pas blesser quiconque en faisant ce rappel. Car je crois que ce message ne
saurait laisser indifférents ceux qui, sans croire en la Nativité ni au Christ,
n’en portent pas moins dans leur cœur un élan spontané vers les autres, et
savent reconnaître comme leurs frères et sœurs tous les hommes de tous les
peuples. La personne humaine ne trouve-t-elle pas sa personnalité et son
épanouissement dans la compréhension des autres ? Ne trouve-t-elle pas son
bonheur dans l’harmonie ?
La crèche réunit des gens éclatés,
séparés, isolés, pour former une vraie communauté d’amour. Hélas, elle nous
amène aussi à avoir une pensée pour tous ceux qui en cette nuit de Noël auront
le malheur d’être seuls, et d’en souffrir.
Beaucoup seront seuls parce qu’ils
auront perdu familles et amis. Mais seront encore seuls ceux qui se sont
eux-mêmes isolés, parce que les malheurs ou les échecs de leur vie les auront
conduits à rejeter tout le monde. Puisse cette nuit de Noël briser les chaînes
de la solitude.
Le Noël de la crèche nous offre ainsi
l’occasion de prendre espoir, de retrouver la sérénité et de sceller la
communauté dans l’amour.
photos Francesca Palli : crèche de montagne/Mont Cordonico/Tessin/Suisse
J’espère pour vous, j’espère pour
moi, que cette occasion sera pleinement vécue. Et si nous voyons la joie des
enfants qui découvrent cadeaux et jouets devant la cheminée, prenons quelques
heures, quelques minutes, pour nous arrêter ensuite devant la crèche, réelle ou
imaginaire, qui nous dira que Noël est bien là.
Lorsque j’entends chanter Noël…
Jacques Garello
24/12/11
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