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De la résonance à la crèche
L’église de la Madeleine présente sa crèche de Noël du 11 décembre au
1er février, comme chaque année elle est revisitée par un artiste
contemporain.
La crèche de Noël est une tradition ancienne qui prend racine pour ce
que nous en savons dans une religion orientale le mithraïsme, bien
avant l’avènement du christianisme.
La crèche de Noël se veut une représentation, une reconstitution de la
naissance du Christ, un Christ sauveur qui vient racheter les péchés de
l’humanité, pour les chrétiens la crèche symbolise la délivrance de
Marie et la venue de l’Enfant rédempteur.
La représentation de la nativité se popularisera dans les foyers vers le XVIe siècle à l'initiative des jésuites.
La
crèche 2014 de l’église de
la Madeleine est surprenante, une crèche où les personnages sont en
"résine" et d’or, l’ange annonçant la naissance de l’enfant-roi, la
Vierge Marie, saint Joseph, les Rois Mages, le berceau, les personnages
prennent place sous une voûte étoilée et un chemin de diamants et on
note l’absence d’animaux.
La réalisation de la crèche a
été confiée à Edéenne, une joaillière originaire du Quebec, installée
depuis 10 ans à Paris rue de la Paix, explique son projet dans ces
termes : «
J’ai toujours été impressionnée par le fait que depuis deux mille
quatorze années nous transmettons la même histoire : celle de la
naissance de Jésus Christ et ce dans les moindres détails.
L’Histoire des hommes ne cesse de se transformer au fil des siècles,
mais l’événement de cette naissance reste un point fixe au cœur de
cette évolution.
Afin de ne pas imposer mes souvenirs personnels et de laisser à chaque
visiteur la possibilité de retrouver les siens, j’ai eu l’idée d’une
crèche transparente suspendue dans un espace céleste qui donne son
universalité à l’histoire de la naissance de Jésus. C’est sous ce même
ciel étoilé que nous contemplons encore aujourd’hui, sur notre terre
que nous continuons d’habiter que Jésus a vécu sa vie d’homme.
(…) Les personnages sont dans un écrin placé au cœur de la voûte céleste étoilée, comme une fenêtre s’ouvrant sur l’an "0" » .
Les silhouettes des personnages sont en résine transparente
et facilement identifiables par leurs attributs spécifiques : la trompette de
l’ange, le bâton de Joseph, le cœur de Marie, la mangeoire dans
laquelle est couché Jésus, l’étoile des bergers.
Devant la crèche, un chemin de 2014 « diamants » sur tiges souples
symbolise la transmission de la Parole de l’an 0 jusqu’à aujourd’hui.
Ces tiges ondulent et peuvent se toucher à l’image des hommes
qui se rencontrent de génération en génération pour se transmettre la
Bonne Nouvelle qui résonne de façon particulière en chacun.
La passation de la Parole est pour moi le fondement de l’humanité.
C’est pourquoi j’ai nommé cette crèche « Résonance ». »
Le curé de la Madeleine Bruno Horaist, nous indique : «
A chacun d’habiller librement les figurines transparentes de la crèche
Edéenne des différents vêtements de la vie que sont les pages de
l’Evangile. A chacun de construire sa propre relation avec celui qui
est venu pour chacun de nous. Le chemin de diamants que l’artiste a
figuré devant la crèche rappelle que toute l’humanité forme le Corps du
Christ et a la responsabilité de la faire vivre…»
"Une personne a été préposée" pour surveiller la crèche et se faisait guide, expliquant au public que la crèche Edéenne, «
a été réalisée à partir de cristal, d’or et de diamants, ces
derniers au nombre de 2014 au pied de la crèche sont comme autant
d’années qui nous séparent de l’année 0, du mystère de la nativité. »
Des propos qui firent réagir d’aucuns rappelant la mission de pauvreté et de charité qui est dévolue à l’Eglise.
Il eut de quoi s’insurger et se questionner en quoi une telle débauche
de luxe ostentatoire (or, diamants, cristal) glorifie la naissance du
Christ ?
L’homme rassurait le public, la crèche a été financée par
des dons privés de chrétiens, de chrétiens d’Irak, de musulmans, de
juifs et d‘athées par des entreprises diverses et variées, de la
finance aux commerçants du quartier.
Toutefois, l’image que le "guide" renvoyait de la crèche quoique
enthousiaste était incongrue et contraire à ce indiqué dans le
fascicule présentation l'intention de l'artiste, du coup la crèche
perdait son sens pour
un chrétien dont la règle est l’humilité à l’instar de Jésus qui naquit
dans une « étable » à Bethléem.
E.Z
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