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Sur l’île de Kihnu en EstonieUne société matriarcale s’est développée sur cette terre estonienne
(…) les femmes ont plus que jamais un rôle de pilier à tenir : «A
Kihnu, nous sommes non seulement influentes, mais nous sommes également
les mamans. Si on tape du poing sur la table, les enfants écoutent
naturellement.»
Il n’y a guère plus que les fêtes religieuses pour se ressouder. A Kihnu, les mariages donnent lieu à trois jours de banquets opulents, syncrétisme de plusieurs rites païens, orthodoxes et séculaires. Parfois, Kihnu Virve, chanteuse populaire de 86 ans et sommité de l’île, se joint aux festivités. Dans le salon de sa grande maison de bois, elle écrit des balades populaires appréciées de toute l’Estonie. Sur ces airs entraînants, les femmes dansent en cercle. Jeunes et moins jeunes se tiennent la main pendant que, en retrait, les hommes picolent la gnôle locale à 70 degrés. Une fois n’est pas coutume, ils ont le droit de participer. Porridge au gras de phoque A la fin janvier, lors de la fête des bougies, leur présence est en revanche formellement interdite. Refermant la période de Noël, cette date est l’une des plus importantes pour les femmes de Kihnu. Ensemble, elles mangent une sorte de porridge au gras de phoque, et veillent une nuit entière en chantant des textes vieux de plusieurs générations. Elles y glorifient la mer pour la nourriture qu’elle apporte, le ciel pour sa bienveillance, et la forêt pour sa protection. Les grands-mères content des légendes aux plus jeunes enfants. Puis, vient le moment de parler des hommes. Exclus mais jamais très loin, ils bénéficient aussi de couplets élogieux. Où les femmes louent leur virilité, leur force et leur tempérance. |
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