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La Crèche de Bethléem
La Crèche était signalée à Bethléem depuis le IIIe siècle et vénérée depuis le IVe. Selon Origène, en 248, « on montrait à Bethléem la grotte dans laquelle naquit Jésus et la mangeoire où il fut emmailloté »20.
La basilique qui y fut construite par Constantin était à cinq nefs. Ses
dimensions en faisaient un sanctuaire de l’importance de l’Anastasis (rotonde de la Résurrection, aujourd’hui du Saint-Sépulcre) et favorisèrent la naissance et le développement du culte rendu au Lieu Saint21
et du pèlerinage qui s’y organisa. Le premier que l’on connaisse fut
celui qui partit de Bordeaux en 333. Puis, en 381, 384, s’y rendit
Éthérie, la pèlerine espagnole, qui y assista à la célébration des
vigiles de l’Épiphanie, de l’Octave de l’Épiphanie et du 40e jour après
Pâques22. Jérôme s’y établit à partir de 386, y
invita la matrone romaine Paula et sa fille Eustochium. Il rapporta le
pèlerinage qu’y fit la matrone en 404 : Paula entra, dit-il, « dans la grotte du Sauveur », y « embrassa la crêche où vagit le Seigneur » et « pria dans la grotte où la Vierge mère enfanta le Seigneur son fils »23.
Dans une homélie qu’il prononça pour Noël, il nous informe que, en son
temps, la Crèche primitive, qui était en terre cuite, avait été
remplacée par une autre en argent :
Celle qui a été enlevée est
pour moi beaucoup plus précieuse. Je ne condamne pas ceux qui ont agi
ainsi par dévotion, mais j’admire d’autant plus le Seigneur, créateur
de l’univers, qui a voulu naître, non dans l’or ou l’argent, mais dans
l’argile24.
À partir du Ve siècle, les
auteurs sont témoins des transformations que subit la grotte : comme la
Crèche, elle fut ornée d’or et d’argent et on y alluma des lampes (25). Au VIIe siècle, Arculfe vit la grotte revêtue de marbre (26)
et il en donna une description détaillée : le souterrain comportait
deux parties, un vestibule étroit et un espace interne, appelé Crèche,
l’un et l’autre éclairés par des lampes. L’église avait été construite
de manière que la grotte fût placée sous l’autel et servît de
confession avant la lettre. Sa disposition générale a pris pour modèle
celle de l’Anastasis.
Très rapidement, les pèlerins
emportèrent de la poussière ou des éclats du rocher comme reliques.
Déjà en 359 en sont attestées à Tixter, aujourd’hui Um el Ahdam en
Algérie : De terra promis[si]onis ube [=ubi] natus est Cristus (27). La « terre où est né le Christ »
pourrait provenir de Bethléem. Mais avec le temps, on oublia la crèche
en terre cuite et, de Bethléem, on emporta comme reliques des morceaux
de bois.
-20- Origène, Contre Celse, I, 51 (PG XI, 756 ; éd. M. Borret, I, p. 1967 ; SC 132, 214-215) ; cité par (...) -21- P. Testini, Archeologia cristiana, p. 714-715. -22- SC 21, 63. -23- Tobler, Itinera hierosolymitana, I, p. 33-34. -24- Jérôme, Hom. de nativ. Domini (PLS 2, 183). À ce texte, E. Venier, op. cit., p. 175-178, ajoute la (...) -25- Tobler, Ibid., p. 53. -26- Ibid., p. 107. -27- Y. Duval, Loca sanctorum Africae, I, p. 331-337. |
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