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Jésus
Christ : Mythe ou réalité ? (1)
« On
sait de temps immémorial
combien cette fable de Jésus-Christ nous a été profitable. » Pape
Léon X
Problème
d'historicité
Il
n'existe aucun témoignage écrit sur Jésus, hors les évangiles qui sont
truffés
de contradictions. Il y a du reste, mieux à dire. Non seulement le
Christ n'a
rien écrit lui-même, mais on n'a rien écrit sur son compte.
La Bible ? Elle ne peut nous fournir la
preuve que le Christ ait été un
personnage réel et même elle nous fournit force preuves contraires.
En dehors du Nouveau Testament, aucun
auteur parmi tous ceux qui auraient été
les contemporains de Jésus, ne nous a transmis à son sujet le moindre
renseignement.
Ainsi des historiens, avec une précision croissante, constatent d'abord
que sur
une trentaine d'auteurs connus de l'époque qui auraient pu parler de
Jésus,
tous sont muets.
Dans l'œuvre de Flavius Josèphe (77 à
95), il y a bien quelques lignes à son
sujet, mais elles furent ajoutées, après Origène (185 à 254) qui les
ignorait
et signalées seulement au IVe siècle par Eusèbe de Césarée (265 à 340),
le
faussaire. De toute façon, Flavius Josèphe, juif orthodoxe n'aurait
jamais pu
écrire que Jésus était le messie. Or les juifs orthodoxes attendent
encore, la
venue de leur messie.
Tacite
(55 à 120) vers 116, aurait parlé de chrétiens brûlés à Rome sous Néron
vers
l'an 64; mais cette mention ne fut ajoutée qu'en 1429 par le secrétaire
papal,
le Pogge (premier éditeur des "Annales" de Tacite) et ne figure pas
dans les traductions et copies antérieures. Cette interpolation
(falsification)
a été fabriquée disent les érudits, d'après un texte de Sulpice Sévère,
un
médiocre historien de la fin du quatrième siècle.
Pline le jeune (66 à 144) aurait
mentionné dans une lettre à l'empereur Trajan,
l'existence des chrétiens et d'un certain Jésus homme. Mais cette
lettre a été
composée vers 1500 par Girardo di Verona. Au quatrième siècle, un
érudit
Sidoine Apolinaire déclara que Pline le jeune avait fixé à neuf le
nombre de
ses livres. Or cette prétendue lettre se trouve au dixième livre
attribué à
Pline le jeune.
Suétone (75 à 160 environ) en 120 parle
d'un "chrestos" (le bon, le
meilleur), agitateur de Rome en 50; mais il ne peut s'agir du paisible
Christ
("christus", christos ou oint) de la mythologie chrétienne mort
croit-on, à Jérusalem depuis 20 ans.
Parmi les autres écrivains et
historiens, du Ier et IIe siècle de notre ère,
qui gardent un silence total sur Jésus, citons : Valerius Maximus (-14
à 37) ,
Senèque (-2 à 66), Pline l'ancien (23 à 79), Perce (34 à 62), Lucain
(39 à 65),
Dion Chrysostone (40 à 117), Stace (40 à 96), Plutarque (45 à 125),
Silius
Italicius (25 à 100), Martial (65 à 95), Flaccus (70 à 100), Pétrone
(mort en
65), Quintillien (65 à 97), Juvénal (55 à 140), Apulée (mort vers 170),
Don
Cassuis, Pausanias, Juste de Tibériade etc.
Mais c'est surtout le silence de Philon d'Alexandrie sur Jésus qui a
une
importance décisive. Philon qui avait déjà 25 ou 30 ans lorsque Jésus
aurait dû
naître et mourut plusieurs années après la date à laquelle ce dernier
dû
mourir, ne sait rien et ne dit jamais rien de Jésus Christ.
C'est un homme docte qui s'occupa
spécialement de religion et de philosophie.
Il n'aurait assurément pas négligé de citer Jésus, qui était de son
pays et de
sa "race", si Jésus avait paru sur la terre et s'il avait accompli
une si grande "révolution" dans l'histoire de l'esprit humain.
Une circonstance singulière rend encore
plus significatif le silence de Philon:
C'est que tout l'enseignement de Philon peut se dire chrétien à ce
point que
certains écrivains ou philosophes n'ont pas hésité à l'appeler un "vrai
Père de l'Église" (Dixit Friedrich Engels...)
Philon s'efforça d'unir le judaïsme et
l'hellénisme. Ainsi il constitua une
doctrine platonicienne du "Verbe" ou "Logos", qui a
beaucoup d'affinité avec celle de l'évangile dit de Jean et dans
l'évangile le
"Logos", c'est précisément le Christ. N'est-ce pas là une
circonstance révélatrice ?
Philon vit dans le temps où l'on a placé
l'existence du Christ; il est déjà célèbre
avant le Christ ; il accomplit à l'égard du judaïsme la même
transformation, la
même hellénisation, la même platonisation qui fut l'œuvre des Évangiles
et
spécialement du quatrième (celui de Jean). Il parle du "Logos" ou du
"Verbe" exactement comme le quatrième évangile; et pourtant il ne
nomme pas une seule fois le Christ ! Jamais dans aucun de ses nombreux
ouvrages
!
Quand il s'agit d'un tel "personnage"
comme Jésus, le silence de
l'histoire est absolument inexplicable, invraisemblable, déconcertant.
C'est
pourquoi on ne peut moins faire que de conclure qu'un tel silence
constitue une
grave présomption contre l'existence de Jésus-Christ.
D'autres éléments d'ailleurs permettent de dire que si l'inexistence du
Christ
peut seule expliquer le silence de l'histoire à l'égard de ce
personnage, le
silence de l'histoire à son tour démontre son inexistence.
Ainsi, le pape Pie XII, prenant la
parole à un Congrès International
d'historiens qui s'est tenu à Rome en 1955, répéta de nouveau que pour
les
catholiques, la question de l'existence de Jésus relève de la foi et
non de la
science !
Élaboration du mythe
Au premier temps du
Christianisme (II ème siècle de notre ère), le dieu Christ
est un dieu du ciel et non un homme au nom de Jésus. Il ne sera
question de
l'homme Jésus qu'avec l'apparition de nos Évangiles, au milieu du
deuxième
siècle de notre ère. C'est beaucoup d'avoir attendu 150 ans pour
consigner par
écrits des événements uniques, en admettant qu'ils aient eu lieu. Comme
on l'a
déjà vu, l'historien juif Flavius Josèphe, attentif à tout ce qui se
passait en
Palestine les ignore, ainsi qu'une prétendue première Église à
Jérusalem. Le
livre de l'Apocalypse écrit vers 69-70 et remanié par un chrétien au
IIe siècle
de notre ère, n'en dit rien.
L'"apôtre" Paul, dont
les épîtres (lettres) ont été mainte fois
remaniées après sa "mort" au bénéfice d'une christologie plus
orthodoxe et toujours majorée ne sait rien d'un Jésus historique. Il ne
cite ni
Joseph, ni Marie, ni Judas. Nulle mention d'une crucifixion sous Ponce
Pilate
par les romains, mais plutôt d'un Christ immolé par les puissances
planétaires
dans un sacrifice cosmique. Ce qui faisait dire à Ernest Renan :"Pour
Paul, le Christ n'est pas un homme qui a vécu et enseigné, c'est un
être tout
divin".
C'est seulement au
milieu du IIe siècle de notre ère, exactement en l'an 144,
quand le chrétien gnostique (docète) Marcion et ses partisans furent
chassés de
Rome que l'Église (et surtout celle de Rome) condamne "ceux qui niaient
que Jésus fût venu dans la chair" (2ème Épître de Jean I,7 ). Jusque
là,
cette thèse avait pût être soutenue, prêchée sans contradicteur par
Marcion,
Basilide, Valentin etc... Sans oublier que les auteurs de l'Apocalypse,
au
début du IIe siècle de notre ère, qui attendent encore la venue du
Christ sur
la terre.
C'est seulement vers
l'an 150 de notre ère que la communauté romaine se détache
des chrétiens gnostiques (les docètes : Marcionites, Valentiniens,
Basilidiens
etc) et élabore le mythe d'un Jésus crucifié dans la chair, mythe
inconnu
jusque-là (même par les auteurs des épîtres attribuées à Paul). C'est à
cette
époque et selon les besoins de la controverse, qu'on rédige dans les
évangiles,
les récits de la vie terrestre d'un Jésus bien différent de "l'être
purement céleste seul connu" avant l'an 150 de notre ère.
Le mythe Jésus s'est
élaboré, au IIème siècle de notre ère, de la façon
suivante :
1 - Le
Christ céleste des épîtres dites Pauliennes (attribuées à Paul).
2 -
Le Jésus fantôme ou "Angelos Christos" (corps éthéré) des
chrétiens gnostiques ou docètes: Marcionites, Basilidiens, Valentiniens
etc.
3 - Le
Jésus " terrestre" ou " historique" des évangiles
canoniques et apocryphes.
Notes:
1 - Beaucoup se
comportent comme le théologien Albert Schweitzer (1878 à1965)
qui reconnaissant dans la préface de la première édition, de sa "Vie de
Jésus" qu'il n'existe sur son héros aucun document historique digne de
foi, n'écrit pas moins sa biographie.
On publie chaque année
à travers le monde, plus d'une centaine de biographies
de Jésus, aussi farfelues les unes que les autres. Elles sont le fruit
de
l'imagination des auteurs.
2 -
Jésus est la traduction grecque du nom hébreu Josué. Josué / Jésus
signifie
"Dieu a sauvé, sauve, sauvera" (Mathieu I,21).
Rappelons -fait trop
longtemps ignoré- que parmi les apologistes chrétiens du
2ème siècle, Aristide, Saint Justin et Tertulien sont les seuls qui
aient
prononcé le nom de Jésus-Christ. Tous les autres Pères de Église du IIe
siècle
: Tatien, Athénagore, Théophile, Hermias, Quadratus, etc., ne
connaissaient pas
le nom de Jésus. Ils ne parlaient que du Christ.
3 - La
plus ancienne date connue avec certitude dans l'histoire du
christianisme, et admise par tout le monde (exégètes, biblistes,
théologiens
catholiques, protestants, orthodoxes, et même la critique scientifique)
est
l'an 144 de notre ère (IIe siècle).
En l'an 144, un riche
armateur grec du nom de Marcion révéla et apporta à Rome
les épîtres attribuées à Paul. Avant cette date, personne ne
connaissait Paul
et "ses" épîtres. Marcion apporta également le premier évangile connu
"l'Evangelion" dans lequel Jésus était un "angelos
christos", un fantôme, un corps éthéré.
Cette
conception gnostique (docète) du Jésus fantôme était admise dans toute
la
chrétienté sans aucune distinction jusqu'aux années 144 - 150. C'est
quand
Marcion fut chassé de Rome en l'an 144 qu'on commença à écrire une
biographie
terrestre du Christ, à l'aide des coups de citations de l'Ancien
Testament en
rapport à la venue du messie et aussi en plagiant les cultes antiques
(ex :
Jésus transforma l'eau en vin, Bacchus le faisait avant lui).
Enfin,
le christianisme qu'on connaît aujourd'hui, a été élaboré au IVe siècle
de notre ère au profit de Église catholique naissante. C'est ce
christianisme
du IVe siècle qu'on enseigne officiellement pour celui des origines
chrétiennes
(IIe siècle de notre ère et non le Ier siècle). Dans l'élaboration de
ce
christianisme du IVe siècle, l'évêque faussaire de Césarée, Eusèbe a
joué un
rôle déterminant. C'est Eusèbe de Césarée (265 à 340) qui fonda Église
catholique. C'est lui qui inventa, dans son Histoire ecclésiastique, la
liste
des prétendus premiers évêques de Rome qui seront plus tard considérés
comme
les premiers papes. C'est aussi Eusèbe qui donna une solide base
économique et
politique à Église de Rome. Il était le secrétaire de l'empereur
Constantin. On
modifia même les textes du Nouveau Testament. Soulignons que les plus
anciens
manuscrits du Nouveau Testament que nous possédions, le Vaticanus et le
Sinaïticus, datent du IVe siècle.
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Christ : mythe ou réalité (2)
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